1. — Direction Scientifique.


La pensée « occultiste », surtout dans la mesure où elle n'a rien compris aux buts fondamentaux de l'hermétisme ni au sens valable de l'ascèse, rêve de mettre « occultisme » en système logiquement articulé, d'observer et d'expérimenter dans le but de formuler des lois positives.

C'est à cette direction d'esprit que nous devons d'avoir vu la graphologie scientifique succéder à la graphomanie, la chirologie scientifique sortir de la tradition chiromantique, la caractérologie, la typologie, la morphologie, la physiognomonie délaisser les clefs astrologiques d'interprétation pour s'ériger en disciplines autonomes.


La Métapsychique, elle, étudie positivement les faits de son domaine en délaissant volontairement toute hypothèse sur la réincarnation ou la structure métaphysique de l'univers. L'Astrologie tend fortement, elle aussi, à s'ériger en astrologie scientifique, si du moins on ose appeler de ce nom cette invraisemblable discipline qui prend pour de la précision scientifique les calculs les plus extravagants.


Toutes ces tendances scientifiques (il en existe d'analogues concernant les pantacles, la magie, l'alchimie, etc...) reprennent bien la substance du domaine « occulte », mais en l'appauvrissant visiblement. Elles l'appauvrissent en premier lieu en ce qu'elles n'en considèrent que l'aspect extra humain. Il est patent que la graphologie scientifique en est au stade des balbutiements honorables, alors que la graphologie intuitive est véritablement un mode de connaissance. Il est patent que pour le moment, la typologie abstraite a bien du mal à vivre sans intuition et que ses résultats sont plus caricaturaux qu'il ne conviendrait. Elles l'appauvrissent en second lieu parce qu'elles n'assument pas le but essentiel et vivant qui est le propre de la connaissance : pas plus que la biologie de la digestion ne digère, la métapsychique ne prévoit ; c'est l'étude de mécanisme pour l'étude du mécanisme.

En troisième lieu, les tentatives scientifiques appauvrissent l'intention de «occultisme » en ce qu'elles s'interdisent pratiquement la prévision : si les sciences physico-chimiques prévoient, c'est dans la mesure où elles peuvent limiter le nombre des facteurs intervenant dans une expérience donnée ; mais ce qui est possible dans un tube à essai ne se conçoit guère au niveau de la vie humaine. L'Astrologie scientifique fera bien, quand elle existera, de reprendre à son compte la prudente formule traditionnelle : « Les astres inclinent... »

Qu'on ne nous accuse pas de réprouver les tentatives scientifiques, quelles qu'elles soient. Tout au contraire, nous nous sommes attachés, dans plusieurs domaines, à ériger ou à préciser de nouvelles sciences à partir de la connaissance traditionnelle. Mais il faut savoir que la pensée
scientifique, quelles que soient son envergure et sa portée, est un mode mineur, un jeu d'esprit du plan des apparences, surtout si l'on persiste à limiter son armement à la simple logique. Des tentatives se poursuivent pour que le positivisme régnant s'enrichisse des acquisitions de l'axiomatique d'une part, et de la logique analogique d'autre part.

Dans ces conditions de meilleures garanties sont offertes, mais en général, ce n'est pas au-delà des voies déductives que les auteurs fondent leurs systèmes, quittes à postuler toutes les « radiations », « influences » et notions les plus gratuites. Tout se passe comme si les sciences conjecturales souffraient d'un complexe d'infériorité à l'égard des sciences proprement dites, dont elles singent le vocabulaire et la pauvreté sans toujours s'inspirer de leur rigueur.

 

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