Lettre S
Dix-neuvième lettre ; numériquement, soixante.
Dix-neuvième lettre ; numériquement, soixante.
— Sabbat —
— Saint-Esprit — Le Saint-Esprit est la troisième Personne de la Trinité chrétienne, celle qui, de toutes les Trinités analogues, nous intéresse le plus parce qu'elle domine le courant de civilisation judéo-chrétien qui est le nôtre. Dieu est Esprit et n'est que cela. Sous sa forme non manifestée, il ne correspond pour nous à rien de concevable ; sous son aspect manifesté, au contraire, il prend une triple forme, que nous devions progressivement explorer.Pendant l'ère juive (ère astrologique du Bélier), nous avons connu le Père. Il fut craint et respecté, nanti d'une autorité absolue, honoré par des sacrifices innombrables de boucs sur un autel cornu, choisit pour divulguer sa Loi, Moïse qu'on représente cornu. Puis l'ère du Bélier fit place à l'ère des Poissons. On cessa d'immoler des bêtes à cornes. Le Christ apparut, choisissant pour premiers disciples des pêcheurs.Les premiers Chrétiens se reconnurent par le symbole des Poissons — gravé maintes fois dans les Catacombes de Rome. Le Christ fut un Dieu humain, n'invoquant d'autorité que celle du cœur. Actuellement, l'ère des Poissons touche à sa fin : nous entrons dans l'ère du Verseau. Après le Père et le Fils, nous allons faire connaissance avec le Saint-Esprit.Nous savons du Saint-Esprit ce que Jésus nous en a dit. Le Paraclet, ou Esprit Saint, rendra témoignage de Lui comme il a rendu témoignage de son Père. Quand cet Esprit de vérité sera parmi nous, nous nous enseignerons les uns les autres — et la science, premier pas vers la Connaissance, pourrait bien être le premier balbutiement de cet enseignement.Le symbolisme du Verseau et d'Uranus le fait penser... et la tournure des choses aussi. L'Esprit Saint n'a pas de visage. Il n'est jamais apparu que sous la forme aérienne de la colombe ou la forme immatérielle du Feu : c'est la subtilité même. Toutes choses cachées vont être révélées par ses soins. C'est donc, grâce à son immatérielle présence, la fin de tous les mystères. N'est-il pas patent que, pour beaucoup de contemporains, la notion de mystère comme tel est déjà rangée au rang des souvenirs ?La Religion du Saint-Esprit frappe à la porte depuis un grand moment. Mais une religion n'éclôt pas avant son temps. Il a fallu que le Christ vienne habiter le symbole de la croix et de la Vierge Marie, qui étaient honorés avant qu'il ne parût. Ce jour-là seulement, la croix supplanta le triangle de Jéhovah. Depuis mille ans, le culte de Dieu sans visage frappe à la porte. L'étoile à cinq branches est son emblème ; elle est d'argent en Islam, rouge en Russie et blanche en Amérique. Mais l'étoile d'or ne peut être habitée que par un état de fait et cet état de fait s'organise silencieusement et sûrement parmi nous.A l'âge du Fils, la Loi autoritaire du Père apparut sous un jour si nouveau que la vie chrétienne n'a plus guère de points communs avec la vie juive. A l'âge du Saint-Esprit, auquel nous parvenons à peine, la Loi humaine du Fils apparaît sous un jour si nouveau que la vie de demain ne s'organise même plus en regard de l'homme. Pourtant, Jésus s'est consacré à faire respecter la Loi de son Père comme les courants du Verseau œuvrent à expliciter la Loi du Christ. Mais de stade en stade, les Interdits tombent, et l'EsSaint les fera tomber jusqu'au dernier. Est-ce à dire que la Religion du Saint-Esprit soit dépourvue de morale ? N'est-ce pas ce que les Juifs de la Synagogue ont reproché plusieurs fois à Jésus...En fait, l'Esprit de Vérité éclairera la Loi Universelle, celle à laquelle on ne désobéit pas — tout comme on ne désobéit pas à la pesanteur. Mais cette Loi Naturelle suffit ; il suffit qu'elle soit révélée pour que les Interdits paraissent vides de sens, et tombent, afin que l'Esprit apparaisse dans toute sa gloire divine, afin que l'homme comprenne que l'unité du Monde n'est pas due aux liens qui l'enserrent, mais à la cohésion que lui donne l'universelle force d'Amour.Les liens du dogme sont appelés à tomber parce que la Vie est un principe de cohésion qui se suffit à lui-même. Les rites eux-mêmes sont appelés à sortir de leur immobilité pour retourner à la vie. Mais de même que la Synagogue est restée debout à côté de l'Église ou du Temple, desservant toute une couche humaine qui avait besoin d'elle, l'Église et le Temple continueront à desservir une couche d'humanité qui a formellement besoin d'une religion affective. Au surplus, l'Esprit Saint serait à l'étroit dans un Temple, alors que sa raison d'être est d'inonder.La vie religieuse de demain atteindra les foules en plus d'un millénaire. Mais ceux qu'elle atteindra avant ce temps ne seront pas des êtres séparés du reste des humains. L'ascèse n'a plus de sens loin du monde puisque précisément c'est dans la vie que se trouve Dieu. Aucune Règle surajoutée à l'esclavage social ne peut rapprocher de l'Esprit, qui est au contraire Aisance et Ampleur.La Participation est la Grande Clef ; et, parce que Dieu est partout, le seul péché est de limiter sa participation. La limitation porte mille noms : le Moi, l'Angoisse, le Refus, la Rigueur, l'Interdit, le Retrait, l'Intolérance, le Pessimisme, la Sécurité..., alors que le Dieu de Vérité est Universalité, Joie, Acceptation, Vie, Liberté, Amour, Connaissance, Enthousiasme, Risque.Pratiquement et pour replacer le Paraclet dans le cadre de l'Évolution occulte que poursuit notre civilisation depuis quatre mille ans, l'ère du Verseau ou âge du Saint-Esprit apparaît comme l'aboutissement logique d'un rythme millénaire, comme l'extrapolation légitime des indices psychosociologiques actuels — enfin comme la conclusion normale des filiations symboliques les plus diverses, qu'on les considère à la lumière de la Tradition ou à la lumière de la pensée spéculative contemporaine.
— Saint-Germain (Le comte de) — Cet extraordinaire personnage, qui parut en France au XVIIIe siècle à la cour de Louis XV et qui éblouit Paris, avait un passé et une origine soigneusement entourés de mystère.Certains le disaient d'origine hongroise, d'autres le croyaient fils naturel de Marie de Neubourg, veuve de Charles II d'Espagne, mais il est demeuré impossible de situer sa naissance et par conséquent son passé, puisque déjà à l'époque où il fréquentait la Cour de France, il dit lui-même avoir 125 ans à certains, et 3.000 ans à d'autres.A la vérité, ceci importe moins que de connaître sa vie et ses pouvoirs prodigieux. Enrichi d'une érudition telle qu'elle lui permettait d'aborder n'importe quel sujet de plain-pied, et d'en donner soit des détails précis soit des descriptions exactes, connaissant aussi bien ce que nous nommons actuellement la science, que l'alchimie ; l'histoire de la musique ; avec cela beau et plein de charme, il fit retentir la Cour, puis tout Paris et enfin l'Europe de sa renommée qui était considérée comme un prodige.Il vivait dans une opulence telle qu'une énorme fortune n'y aurait pas suffi et possédait une collection de bijoux et de pierres de si grande beauté et en telle quantité qu'elle semblait illimitée. Avec cela, le comte de Saint-Germain parlait admirablement toutes les langues connues et il était en outre doué d'une extraordinaire confiance en lui, et d'une aisance absolue.Tout ceci déjà aurait largement suffi à le faire considérer comme un personnage extrêmement séduisant. On dit que Rameau, qui l'entendit au clavecin et au violon, en fut émerveillé, et que Latour et Van Loo, surpris de son talent de peintre et du rare éclat de ses couleurs, lui demandèrent en vain son secret. Il distribuait autour de lui des élixirs de santé, de beauté, des baumes et prétendait avoir le secret «d'arrêter l'usure du corps humain».Cet être énigmatique intrigua toute son époque non seulement par le mystère de sa naissance, de sa vie brillante, de ses dons, par les souvenirs qu'il racontait avec des détails précis et dont certains se situaient au début de l'ère chrétienne, que parce qu'il ne touchait jamais à aucun plat et prétendait ne pas se nourrir, mais davantage encore par le pouvoir qu'il avait et reconnaissait de transmutation des métaux et des pierres précieuses.D'innombrables histoires circulaient à son sujet et certains prétendaient avoir assisté à des séances d'alchimie, où Saint-Germain transmua des pièces d'argent en or. Rameau qui, au moment où il vint à Paris, était déjà fort âgé, prétendait l'avoir déjà rencontré en 1710 et que le comte de Saint-Germain avait à cette époque exactement le même aspect.Il fréquentait Casanova qui en parle dans ses Mémoires et laisse paraître qu'il le tenait pour un agent secret. Il est bien possible que ce grand Seigneur de l'occultisme, brillant et séducteur, alchimiste et d'une culture invraisemblable, ait utilisé aussi ses facultés sur d'autres plans. Il semble certain qu'il était Rose-Croix, et il paraît non moins certain qu'il fut en relation avec les Cours d'Allemagne, de Hollande, d'Autriche, de Russie, de Suède, d'Espagne et d'Angleterre.La maçonnerie préparait la Révolution et, bien que la loge des Rose-Croix fût monarchiste (et que Saint-Germain l'était lui-même puisqu'il tenta de prévenir Marie-Antoinette de ce qui l'attendait et lui donna des conseils précis pour tenter de l'éviter), il paraît avoir joué aussi un rôle assez suspect en France, si bien qu'il fut dans l'obligation d'en partir.Il y reparut à des époques diverses, alors qu'il était considéré comme mort depuis 1783 ou 1784 à Ekrenforde ; en 1789, il apparut à Marie-Antoinette ainsi qu'à Madame d'Adhémar (à la même époque, il aurait apparu à Vienne), en 1790 et en 1815, le jour de l'assassinat de la reine.A son apparition de 1789, en Autriche, après avoir disparu et reparu à plusieurs reprises, il prit congé de Graffer et du baron Linden, en lui disant«jE vous quitte. Vous me verrez une fois encore. On a besoin de moi à Constantinople. Puis je vais en Angleterre pour préparer deux inventions que vous aurez au siècle prochain, les trains et les bateaux à vapeur. Les saisons changeront peu à peu, le printemps d'abord, puis l'été. C'est l'arrêt gradué du cycle. Je vois cela. Les astronomes et les météorologistes ne savent rien. Croyez-m'en : il faut étudier comme moi dans les pyramides. Je disparaîtrai de l'Europe vers la fin du siècle, et me rendrai dans la région des Himalayas. Je me reposerai... On me reverra dans quatre-vingt-cinq ans, jour pour jour. Adieu, je vous aime. »Au moment où il achevait de parler, un orage éclata, le baron Linden et Franz Graffer se retournèrent... Le comte de Saint-Germain avait disparu.
— Saint Malachie — Évêque d'Arnagh, primat d'Irlande en 1134, a parcouru l'Europe et fut un ami de saint Bernard.Il formula une prophétie sous forme d'une suite de devises latines concernant successivement cent onze papes.Jusqu'alors, à quelques rares exceptions, les rapports sont certains entre les distiques de saint Malachie et les papes qui se sont effectivement succédé au trône de saint Pierre (voir à ce sujet le livre consacré par M. Piobb à cette question et le texte de la prophétie Tableau XIII-1 à XIII-9 .)
— Louis-Claude de Saint-Martin, né le 18 janvier 1743 et mort en 1803, fut le disciple de Martinez de Pasqually, son initiateur auquel il resta fidèle jusqu'à la mort de celui-ci en 1774 en faisant office de secrétaire.Plus tard, il essaya de faire passer la mystique avant la théurgie mais il ne réalisa pas pleinement cette tentative que réussit en revanche Papus. Toutefois, on peut affirmer que la quasi-totalité des sociétés spiritualistes françaises s'inspirèrent de sa pensée.
— Sagittaire — (Lire aussi l'article Zodiaque).Le symbolisme du Sagittaire procède de l'aisance, de la majesté, de l'ouverture, de l'aspect double. C'est aussi l'éclipse et la défiance, mais c'est plus généralement la bienveillance organisatrice, la synthèse faite de haut.C'est encore l'indépendance et la trajectoire, le risque dans une joie sereine. C'est le spectacle plutôt que la scène, l'urbanité plutôt que la politesse, la loyauté par chevalerie. C'est le roi doublé du prêtre et triplé de l'Ardeur sans flamme. C'est le brasier.Correspondances : Chaleur, Sécheresse, Feu, Positivité, Masculinité, Beauté, Automne.Métal : l'étain.Minéraux : turquoise, escarboucle.Partie du corps : le foie et les cuisses.Planètes : domicile diurne de Jupiter. Mercure s'y trouve en exil.
— Sanglier — Cet animal représente l'Hiver féroce qui tua Adonis. Il représente encore l'Hiver qui laboure et renverse tout ce qui se trouve sur son passage.Il était dédié à Diane qui l'utilisa pour anéantir une fête à laquelle elle n'était pas conviée. Les Gorgones ont une corne de sanglier sur la tête. En un mot, le symbolisme du sanglier est de pure destruction.
— Saphir — Gemme dédiée à Jupiter et qui symbolise la foi non seulement sous son aspect contemplatif, mais aussi actif.Cette pierre est considérée comme ayant la vertu de guérir les maux d'yeux, d'apporter la joie, la vitalité, d'éclaircir la vue, d'amener l'âme qui est troublée à la joie divine, de dissiper les tourments. Elle agit favorablement sur le foie, les poumons, les artères, d'après la tradition géomantico-astrologique, et plus spécialement si elle est sertie dans du bronze. Cela s'explique par le fait que le bronze, comme le saphir, est dédié à Jupiter.D'ailleurs, c'est le mythe jupitérien qui fait le fonds commun des différentes vertus énumérées ci-dessus : maladies de foie, joie de vivre, équilibre et clairvoyance, vitalité, tendance à l'hypertension, etc. Dans la mesure où l'on admet la méthode des signatures (voir ce mot), on comprend qu'un principe jupitérien ait une action sur les troubles corporels et psychiques relevant de cette signature.Dès lors, il faut tenir compte des précisions thérapeutiques apportées par les recherches plus récentes sur la tradition, et dire que le saphir foncé seul possède les propriétés susdites. Le saphir clair, au contraire, procède d'un symbolisme vénusien et tous les saphirs en général ont la signature du Verseau. Le saphir foncé serti de bronze, au contraire — ou en plus — est apparenté au Taureau. Ce sont des symboliques proches (voir aux noms des planètes et des signes correspondants).
— Satan —Autre nom de Lucifer (voir ce nom et aussi le mot Diable).
— Saturne — Ce terme, qui désigne une planète, sert à définir analogiquement un processus et un pôle directeur de tout élément relevant de ce processus (Lire aussi l'article Planètes).Le processus saturnien est caractérisé par une sécheresse, une concentration cristallisante tout à fait typique. Soumis à la fatalité, il est inclus dans la notion de temps au sens de vieillissement, durcissement et mort. Il est à la fois conservation et usure. Saturne, ou Chronos, dans la mythologie, est le pouvoir dévorant et infini du temps.On lui prête un aspect rigide et un caractère impitoyable et rigoureux. Ces éléments contribuent à faire considérer que la notion de processus saturnien s'applique par exemple au phénomène de la sclérose, à l'impitoyable et fatal tic-tac de l'horloge, à la rigueur de l'analyse scientifique, à la profondeur des abîmes obscurs, à l'étroitesse d'esprit et au systématisme du vieillard. En un mot, le symbole Saturne s'applique à tout ce qui est fatalité, ossature, rigueur, enchaînement sans rémission des causes et des effets.Il y a, dans le détail, des correspondances consacrées. L'astrologie a, par exemple, fixé les attributs classiques du symbole saturnien : froid, sécheresse, terre, masculinité, etc... Si l'on transpose à l'échelle de l'individu tout ce qui concerne le processus saturnien, on retrouve les caractéristiques du type -saturnien, tel que nous l'avons esquissé dans l'article consacré à la typologie.
— Saturne (Mont de) — En chirologie, on appelle ainsi l'éminence qui se trouve à la base du médius. La tradition enseigne que ce Mont, traversé par la ligne de chance, assure une vie heureuse, à moins que cette ligne pénètre dans le médius. Il n'en est rien.Ce Mont, traversé d'une petite ligne longitudinale provenant de la ligne de cœur (cette ligne désignant le point de repère de trente ans), portera des signes interprétables par rapport à ce repère et correspondant à cette période de la vie.