Lettre F
Sixième lettre de l'alphabet anglais qui n'a pas d'équivalent en hébreu.
Sixième lettre de l'alphabet anglais qui n'a pas d'équivalent en hébreu.
— Faal — Recueil d'observations astrologiques dont les chrétiens de Saint-Jean font usage pour leurs prophéties et ésotérisme.
— Fable — Fabula est ce qu'on raconte, et c'est généralement par le mot fable que les dictionnaires définissent le mythe (voir ce mot). En fait, la fable, sans être purement gratuite, ne relève pas entièrement et nécessairement de la collectivité et de la tradition.Pour la documentation, nous signalons aux chercheurs qu'ils trouveront des renseignements mythologiques dans les Dictionnaires de la Fable. Celui de Noël est des plus connus.
— Fakir — Étymologiquement, le mot fakir ou faquir évoque la pauvreté plutôt que la mendicité. Toutefois les fakirs des Indes vivent pratiquement à la charge de la société. Les amateurs-de-mystère-à-tout-prix, comme les appelle le Dr Frétigny dans l'Introduction à ce livre, prennent généralement le parti de croire que les pratiques des fakirs cachent une sagesse extraordinaire, que leurs prodiges apparents sont le fruit des forces cachées, etc..., en un mot, que le fakirisme a quelque chose de miraculeux. C'est évidemment une position stupide : un fakir ne fait que des choses naturelles ; il y joint des trucs de prestidigitation qui appartiennent, eux aussi, au domaine naturel.Contrairement à ce qu'on imagine généralement, d'ailleurs, les Hindous ne prennent pas les fakirs au sérieux. Les spectateurs amusés restent deux heures à les regarder bouche bée — tout comme à Paris le cercle des badauds complaisants entoure le postigeur ou le bateleur ou le mangeur de feu — mais cela n'entraîne pas plus loin leur conviction dans l'heure qui suit. Pour l'Hindou moyen, la part des choses est vite faite. D'ailleurs pour lui, la transmission de pensée, la possibilité de suspendre la vie sont des phénomènes classés depuis longtemps et qui ne mettent pas en cause le monde du mystère.Enfin, les Hindous cultivés trouvent précisément ces dons négligeables et l'usage qu'en font les fakirs peu intéressant — d'autant plus que le truquage y est mêlé à tout instant ; au surplus, c'est un sujet d'étonnement pour les Hindous cultivés de voir que l'Occident prend les fakirs en considération et va jusqu'à s'enthousiasmer de leurs « pouvoirs »...En face de cette forme d'indigence d'esprit qui consiste à crier au miracle, il en existe une autre, moins pardonnable car elle n'a pas l'excuse de la bonne foi : celle qui consiste à nier et rabaisser en bloc ce que le fakirisme apporte et prouve : chacun connaît le « truc » de la corde lancée en l'air à l'infini et du jeune garçon qui l'escalade et reste au ciel. Cette expérience, qui souffre bien des variantes, a fait couler beaucoup d'encre.Plusieurs auteurs, adoptant les conclusions d'un article des Annales de l'Œuvre de Marie-Immaculée (1920) en nient l'authenticité. L'un d'eux « explique », que l'expérience de la corde se fait dans une pénombre propice, à la lumière des braseros, que le fakir se place dans une cour et que la corde est attachée par un acolyte aux poutres d'un toit, etc...Un tel témoignage oculaire prouve qu'il y a quelque chose à voir. Il prouve aussi la mauvaise foi de son auteur, car la scène de la corde se réduit, lorsqu'on la photographie ou cinématographie (au grand soleil d'ailleurs) à un ou deux opérateurs parfaitement immobiles ; l'auteur n'a donc pas pu voir attacher de corde au toit.La malhonnêteté scientifique est plus insupportable que la sottise pure. Il y a d'ailleurs une forme de malhonnêteté scientifique qui consiste à vouloir des preuves — puis de nouvelles preuves — puis encore. Il fut un temps où l'Académie des Sciences exigeait que les expériences fondamentales de la photographie se fissent en pleine lumière !... De la même façon, nous avons plusieurs fois lu le récit suivant, avec quelques variantes : « On fit creuser une tombe, puis on y descendit le cercueil dans lequel se trouvait le fakir. La terre fut rapportée et foulée, on y planta des graines.Trois mois après, on exhuma le corps, entièrement refroidi sauf à la nuque ; il reprit rapidement une vie normale... etc. », et, en commentaire : « On proposa au fakir de recommencer avec un système de contrôle nouveau... il refusa en prétextant qu'on voulait sa mort. » Personnellement, nous trouvons que pour un fakir, c'est déjà beaucoup de sacrifier trois mois de vie à satisfaire la vaine curiosité des sceptiques et tout à fait logique de refuser l'épreuve sous des conditions qui étaient peut-être incompatibles avec l'expérience elle-même.D'autres disent : « Se faire transpercer et ne pas saigner, tout le monde peut le faire ! » Et alors ? Est-il plus intelligent de s'attarder en considérations hargneuses sur le fait que le fakirisme n'est pas surnaturel — ou serait-il plus intelligent d'approfondir ce qu'à l'occasion du fakirisme, nous risquons d'apprendre sur le mécanisme de l'hémorragie ?Ces questions-là sont le champ de bataille des accrochages affectifs. Presque tous ceux qui en parlent le font avec passion, comme si un raisonnement inspiré par la passion méritait d'être livré au public sinon pour éclairer le public sur la pathologie de l'auteur. La doctoresse Brosse s'est rendue aux Indes, munie d'appareils enregistreurs divers.A son retour, elle a publié dans la Presse Médicale (1936) un article relatant ses observations : à la demande de l'expérimentatrice, un yogi a pu suspendre, pendant un temps aussi long qu'on voulait, sa circulation et sa respiration, comme le contrôlèrent le pneumogramme et l'électrocardiographe. « Vous voyez ! » disent les uns. « Et après ? » disent les autres. Personne, par contre, ne va jusqu'à se demander si cette suspension de la vie apprend quelque chose, et quoi.Ce qu'il faut encore savoir du fakirisme, c'est qu'il utilise, outre certaines prestidigitations, une technique analogue à celle des yogis.Mais, alors que ces derniers s'y soumettent dans le but de poursuivre une réalisation intérieure, les fakirs se contentent d'employer les procédés souvent appris de père en fils comme des recettes. Si cela supprime l'intérêt métaphysique de la chose, il n'en est pas moins vrai que l'occidental moyen peut en apprendre beaucoup.« Quant à la prétendue facilité de vivre plusieurs années sans nourriture, acquise censément par certains ascètes de l'Inde à force d'entraînement, on peut demander pourquoi, dans l'Inde où la famine sévit périodiquement, l'enseignement de la technique permettant de réaliser ce tour de force n'est pas rendu obligatoire dans les écoles du Gouvernement », écrit Louis Chochod, Professeur principal honoraire du Service de l'Instruction publique en Indochine (Occultisme et Magie en Extrême-Orient, Payot, 1945).Un Indochinois nous disait justement, après avoir lu un Manuel d'Ascèse Mystique faisant autorité dans les milieux chrétiens : « L'Occident possède là une méthode extraordinaire pour accéder à la Paix en Dieu ; mais je ne crois pas qu'il ait réellement existé de saints hommes comme le racontent vos livres. Si cela était, il y a beau temps que, dans vos pays déchirés par ,la guerre et la politique, on aurait rendu obligatoire dans les écoles du Gouvernement l'enseignement des méthodes ascétiques chrétiennes. »Le jour où le sectarisme n'obscurcira plus les esprits, il sera possible de mettre le fakirisme à l'étude. D'ici là, il faut s'en tenir à des éléments d'information de l'ordre du document photographique ou des électrocardiogrammes de la doctoresse Brosse. Il faut enfin rayer d'un trait de plume énergique tout rapport procédant d'une opinion personnelle.
— Farfadet — Voir au mot Feu Follet.
— Fascination — Action de fasciner par une sorte de charme qui ne permet plus de voir les choses telles qu'elles sont. Dans l'antiquité, on attribuait surtout la fascination aux serpents et aux Gorgones ; c'est delà qu'est venue la croyance « au mauvais œil ».Les Anciens portaient diverses sortes d'amulettes pour échapper au mauvais œil ; la plus usitée était la représentation du phallus sous le nom de « fascinum ».On en suspendait l'effigie au cou des jeunes enfants, on en ornait l'âtre de la maison ainsi que les jardins. Les forgerons le plaçaient devant leur foyer, enfin dans la cérémonie du triomphe on l'attachait sous le char du triomphateur.Un moyen très usité aussi consistait à cracher dans les plis de ses propres vêtements ; la salive est aussi considérée par l'Église catholique comme un facteur de purification, puisqu'une mère, éloignée de tout prêtre, peut elle-même baptiser son enfant, en lui traçant une croix sur le front avec de la salive.En vertu de considérations d'homologie (la symétrie métamérique de Goethe, l'homosophie, la médecine des correspondances, etc...), et aussi de constatations faites par les ethnologues, il semble que la salive, analogue du sperme, tire sa qualité purificatrice de sa nature magique masculine. Le phallus, appelé fascinum, et la salive sont donc, en quelque sorte, le principe et la puissance masculins opposés à la fascination ou charme féminin, grâce auquel la conscience perd effectivement son objectivité et devient la proie de toutes les illusions.Cette explication, qui paraît sommaire lorsqu'on la prend au pied de la lettre, se justifie pleinement sur les plans symbolique et magique.
— Fatales Dee — Nom donné aux Parques, ministres du destin.
— Fatalité — La notion de fatalité domine l'occultisme dans la mesure où le fait de la divination en pose le principe. On appelle fatalité le fait de ne pas pouvoir échapper à son destin. Or, il est à la fois vrai de dire qu'on n'échappe pas à son destin et qu'on peut échapper à son destin — parce que ce dernier mot n'est pas pris, dans les deux cas, dans le même sens.Comme nous l'expliquons dans l'article consacré à la notion de destin, il y a un destin primaire, tendant à la réalisation s'il n'y a pas prise de conscience et si, par conséquent, la volonté ne vient pas le modifier. Le destin secondaire est la résultante du destin primaire et des décisions volontaires prises avec intervention de la conscience.Toutefois, ce destin secondaire, lui non plus, n'est pas inéluctable, car des facteurs d'ordre cosmique (accidentels en apparence et de notre point de vue : déclaration d'une guerre, épidémie de fièvre jaune, etc., etc...) peuvent jouer qui, sans en modifier les grandes lignes, en modifient le résultat concret. Cela posé, la fatalité peut être entendue comme le destin N° 3, qui comporte tout, y compris nos efforts de volonté et les facteurs extra-individuels. A ce destin-là, en effet, personne n'échappe. La fatalité peut être aussi prise dans l'acception de ces seuls événements courants et facteurs cosmiques, déjouant les prévisions de l'individu malgré ses efforts.Enfin, dans un troisième sens, la fatalité peut être prise comme une acceptation de principe ; c'est à ce sens que s'apparente la notion de fatalisme, telle que les Européens ont coutume de la prêter aux Musulmans. Le fatalisme ainsi compris exclurait tout effort et limiterait donc la destinée de l'homme à son destin N° 1. Il mériterait mieux l'appellation de résignation quasi-pathologique.II n'est pas superflu de savoir à l'occasion que le fatalisme musulman est un fatalisme en Dieu. Être Musulman — c'est-à-dire mouslim, abandonné — c'est s'abandonner sans réserves aux décrets divins. C'est l'application intégrale du Fiat voluntas tua des chrétiens. Or l'acceptation en Dieu comporte des efforts constants, notamment contre le point de vue égotique. C'est ce qui fait, avec l'impersonnalité de son Dieu, la grandeur de la religion musulmane.
— Fée — Les Fées sont des êtres légendaires doués de facultés étranges mais précises.
— Ferouer — Voir Périsprit.
— Fétiche — Voir au mot Pantacle.
— Feu follet — Dans les terrains marécageux, on voit fréquemment des lumières bleuâtres et dansantes surnommées « feux follets », produites par le protocarbure d'hydrogène résultant de la décomposition spontanée des débris organiques de ces terrains. La superstition a tenu longtemps les flammes produites par ces gaz pour des esprits malins se plaisant à tourmenter ou égarer les passants. On crut aussi que ces « feux follets » étaient des âmes en peine échappées du purgatoire et qui brûlaient du remords de leurs fautes.Cette croyance a pu prendre naissance par le fait que les cimetières sont aussi des lieux de décomposition qui libèrent des gaz combustibles s'enflammant au contact de l'air. A vrai dire, le phénomène n'est pas d'une grande fréquence. Mais il suffit de peu de cas pour que la superstition s'en empare et fasse tout naturellement de ces flammes apparaissant au-dessus des tombes, des âmes errant autour de leur corps.