Encyclopédie Ésotérique – Volume S

Sorcières Sorciers

— Sorcières Sorciers — Il n'est pas possible de séparer dès le Moyen Age où elles dominent, les deux notions parallèles et antinomiques, de Dieu : le bien, et du Diable : le mal. Il est donc facile de comprendre que si on élevait des autels à Dieu, s'il existait toute une liturgie des messes et des fêtes qui lui étaient offertes, d'autre part, devaient aussi exister des cérémonies aussi ardemment dédiées au Diable.Si l'Église, elle-même, considérait le Diable comme un ange déchu, très puissant et un « presque égal » ; si, par surcroît, un pacte avec lui assurait non pas après la mort, mais dès la vie terrestre, des bonheurs et des richesses certains, il devenait bien tentant pour ceux qu'une foi solide ne rattachait pas au Christ... de tenter le diable.De plus, si Dieu a ses fidèles et ses prêtres, il fallait aussi que le Diable y trouve des prêtresses ; les sorcières et un nombre de fidèles bien considérable, si l'on en croit les procès, les jugements de Dieu et les bûchers qui assombrirent toute cette époque. Les sorcières ! Elles se pressaient, disait-on, au temple surmonté d'un bouc, en compagnie d'un petit nombre de sorciers qui les conduisaient au Sabbat.On ignore d'ailleurs pourquoi il y eut un nombre tellement inférieur de sorciers... ou si, plus secrètement, ils officiaient dans le silence.Toujours est-il que les sorcières se manifestaient plus visiblement, tantôt en jetant la terreur par leurs philtres, formules magiques, guérisons miraculeuses ou inexplicables, bruits insolites, orages, grêles, passions subites ou répulsions irrésistibles, par le trépas massif de troupeaux, de maléfices réalisés sur des amoureux ou des enfants, par leur attitude en regard de l'Église, de la morale et de la chasteté qui outrageait ou épouvantait les habitants des villages et des villes, ne doutant dès lors plus un instant d'avoir affaire à l'une des acolytes du Diable, ou d'en être la victime.On accusait donc sorciers et sorcières de commerce avec le Prince des Ténèbres, d'avoir renié Dieu, et même, de lui sacrifier des petits enfants.Les sorcières étaient le plus souvent représentées nues, chevauchant un bouc, accompagnées d'un chat noir, d'un chien jaune, d'un crapaud ou d'un hibou, et prêtes à partir pour le Sabbat, après s'être enduites tout le corps d'un onguent dont elles gardaient jalousement le secret, et qui était, disait-on, composé de graisse de bouc, de sang de huppe et de chauve-souris, de râpures de cloches, de poudre de mandragore et de suie.On les voyait enfourchant un balai ou une fourche à contresens, parfois ornées de colliers faits de crânes de fœtus, de grelots ou d'ossements. Elles emportaient un chaudron, un fuseau ou une quenouille, un grimoire, une peau de bouc ou de loup, un fagot surmonté d'une chandelle allumée. Ainsi prêtes, on les voyait se rendant de nuit au Sabbat en chevauchant les airs, la tête muée en âne, porc, coq ou en bête étrange.Elles partaient pour quelque lande perdue ou en bordure d'un bois. Le plus souvent, on les représentait près d'une cheminée prêtes à s'engager dans la hotte pour s'envoler dans les airs, déjà à cheval sur un balai, monture du diable — ou à demi engagées dans la cheminée, les jambes seules paraissant encore.Elles partent pour quelque région mystérieuse, soit au Sabbat, soit sur mer, pour exciter les orages, soit pour tenter un dévot, ou pour se rendre à l'appel de leur maître le Diable. Il arrivait qu'en leur voyage, une jeune sorcière dont c'était l'un des premiers Sabbats, restât suspendue à un arbre auquel elle s'était accrochée, ou se fasse couper un membre, telle la femme du charbonnier dont parle Del Rio qui, changée en loup, laissa sa patte entre les mains de son mari qui la lui avait coupée, et fut, grâce à l'absence d'une main, reconnue coupable et brûlée.Il existe d'innombrables histoires de ce genre, comme il existe tout un rituel engageant le pacte au Diable auquel on vendait son âme. Dans toute la littérature et dans les « Mystères » du Moyen Age, les détails pittoresques à cet égard foisonnent. Les cathédrales, les gravures anciennes nous offrent aussi mille illustrations du monde des ténèbres et de ses servantes.L'Église utilisait tout cet attirail d'épouvante pour frapper l'esprit de ses fidèles, les tenir sous la terreur de manquer à la pureté et de pactiser, même sans s'en douter, avec le démon. Nombre de malheureuses névropathes furent considérées comme ayant été ensorcelées ou comme sorcières elles-mêmes. Nombre de femmes hantées de pensées ou de désirs interdits se fustigèrent et jeûnèrent jusqu'à délabrer leur santé, pour échapper au diable ou à la sorcellerie dont elles s'imaginaient être victimes.On peut citer à cet exemple une estampe de Van den Wyng, dans laquelle une sorcière cornue présente au pauvre saint Antoine affamé une superbe marmite fumante dans laquelle des viandes succulentes voisinent avec d'autres mets non moins savoureux. En dehors de ces considérations d'ordre pittoresque qu'on pourrait multiplier à l'infini, se pose un certain nombre de questions concernant la signification, la réalité et la portée du monde des sorcières.En premier lieu, on est tenté de chercher une documentation objective renseignant sur l'existence que menaient réellement les sorcières. Aujourd'hui, nous serions tentés d'attribuer ce nom à quelques vieilles femmes vivant retirées et présentant tous les attributs visibles de la disgrâce ; c'est que les sorcières, s’ils en reste, compensent sur le plan magique ce que la nature leur refuse.Du Moyen Age à la Révolution, c'est bien différent. Toute femme ayant un désir insatisfait, une tendance au romantisme, une complexion asociale, une nature insubordonnée, une imagination vive, un besoin insatisfait d'idéal tend naturellement à chercher une plénitude que l'oppression des interdits n'offre pas.C'est dans le monde des Démons, si propice à l'exaltation, si varié et si attirant que vont s'ébattre toutes les forces vitales du seul élément populaire non encore affadi par la peur. C'est-à-dire que les jeunes gens vont cultiver dans le secret le rite appris de bouche à oreille, que la femme inoccupée ou délaissée va faire appel à Satan aussi bien que l'incurable n'espérant plus le secours de Dieu, ou la révoltée, quel que soit son âge, par pur goût de la révolte. On se livre à la révolte comme la Rome d'une certaine époque s'est livrée à la débauche, ou comme l'époque révolutionnaire s'est livrée à la cruauté !Procédant comme procèdent aujourd'hui les innombrables amateurs d'initiation, les petites sorcières en chambre imaginaient et contribuaient à colporter le bruit qu'il existait de vraies et redoutables maîtresses en sorcellerie, possédant tous les pouvoirs et jouissant de la faveur un peu effrayante de participer au Sabbat. De-ci de-là, d'ailleurs, de vraies sorcières se livraient à des cérémonies effrayantes et stupéfiantes qui, avec les superstitions du temps, donnaient corps à l'imposant système de la sorcellerie.En résumé, pour la plupart, les sorcières étaient des femmes comme d'autres, finissant par essayer les onguents et les philtres, puis en arrivant quelquefois à tenter de grandes expériences de l'intoxication au stramonium ou au haschich, l'autosuggestion faisant le reste.En deuxième lieu, on peut se demander si les plus authentiques des sorcières pratiquaient une vraie magie. On a vu au mot Sabbat que le déroulement de ces cérémonies imaginaires semble avoir procédé plutôt de l'hallucination collective en petits groupes, dans certains cas où les toxiques jouaient un rôle de premier plan, de la frénésie imaginative et sexuelle dans d'autres cas, et surtout de la consistance extraordinaire que prennent les mythes quand la croyance qu'on leur réserve est universellement partagée.De la vraie magie, il y en eut, et dans la mesure où la fonction principale d'une sorcière est de jeter des sorts, on peut affirmer sans crainte d'erreur qu'il y eut des sorts de jetés. Ce fut pour la méchanceté humaine et avec les accusations de sorcellerie concernant les autres, l'exutoire certain que devait remplacer la furie révolutionnaire lorsque le prestige de la sorcellerie vint à décliner.Toutefois, pour un peu de magie, il y eut surtout beaucoup d’empoisonnements pour un peu de « charmes d'amour », beaucoup de philtres contenant de vrais aphrodisiaques, pour un peu d'envoûtements, beaucoup d'acide arsénieux et de belladone. La superstition voulut seulement qu'à ces substances simples, on crût devoir ajouter du sang d'enfant, par exemple, ce qui compliquait bien les choses — moins pourtant qu'on ne pouvait l'imaginer, puisque l'état civil, ni les moyens de recherches criminelles n'existaient pratiquement.Et c'est là précisément que jouait l'élément magique, non pas au niveau de la sorcière, mais sur le plan de l'immense tribut collectif qui, sans le savoir, scellait effectivement le pacte. Vu de haut, il se trouve que les petites idées de petites gens superstitieuses rachetaient lourdement le péché d'un monde qui avait résolu de transgresser par l'interdit sexuel les lois les plus implacables et les plus fécondes de la nature. Car il est des occurrences dans lesquelles la libération n'arrive jamais sans que soit payé lourdement l'impôt du sang. Et telle est la magie de la nature qu'elle impose ses lois selon cette mathématique-là et non selon celle de la raison.En troisième et dernier lieu, on est surpris, en pénétrant dans le monde des sorcières, de la diversité, de la disparité, de l'étrangeté et de l'apparente originalité des ornements autant que des personnages, des rites autant que des légendes. A y regarder de plus près pourtant, l'univers des sorcières n'est pas autre chose que la partie inférieure de l'univers lui-même, tel qu'il a toujours existé dans l'inconscient collectif.Voler dans les airs sur un balai — et pour s'en tenir à une interprétation bien élémentaire — c'est sublimer l'acte sexuel : l'acte sexuel parce que le manche à balai en est le moyen clairement exprimé ; la sublimation parce que c'est le sens même du vol dans les airs. La sorcière qui chevauche quelque animal tête-bêche liquide mythiquement un complexe anal et symboliquement tous les sens donnés au mot inversion.Que l'activité des sorcières ait lieu seulement la nuit et cesse dès que le jour se lève, joint à la notion de la nature même de cette activité, explicite tout le symbolisme de la nuit, ce domaine de la peur, des hardiesses, des plaisirs défendus, de la fécondité, du rêve et de la liquidation par les rêves de tous les désirs que la vie diurne n'exauce pas.Les techniques de psychanalyse retrouvent à quelque translation près tout le monde des sorcières dans l'inconscient des paisibles citoyens de nos modernes républiques.

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Sortilèges

— Sortilèges —Autre nom donné aux sorts (voir Sorcières et Magie).On emploie aussi le mot sortilège pour désigner les effets de la magie spontanée de la nature (envoûtement par l'écho, sortilège du chant des oiseaux, etc...). Enfin, le sens maléfique est moins marqué dans le sortilège que dans le sort.

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Sorts Des Saints

— Sorts des Saints — Nom que l'on donnait au Moyen Age à la rhapsodomancie (voir ce mot) qui était alors pratiquée dans les Saintes Écritures.

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Sorts Prénestins

— Sorts prénestins — Divination dans les temples situés à Preneste et Antium, les prêtres confectionnaient des tablettes couvertes de caractères sacrés et secrets.Par ces tablettes, que désignaient des enfants, l'avenir était dévoilé et interprété par les prêtres, qu'on appelait sortilègues.

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Soucoupe

— Soucoupe — Au lieu de faire parler la table selon les techniques consacrées (voir Tables tournantes), on peut aussi utiliser une soucoupe de la façon suivante : sur un guéridon bien lisse (de marbre de préférence), on trace en cadran les vingt-six lettres de l'alphabet ainsi que les mots oui et non ; on retourne alors la soucoupe au milieu du guéridon et chaque opérateur la touche du doigt.La soucoupe se dirige alors vers une lettre, puis l'autre, et compose ainsi les mots formant la réponse à la question posée.

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Souffle

— Souffle — Symboliquement pris pour la vie. Par exemple, Dieu souffle dans les narines d'Adam pour l'animer. Le souffle intervient dans nombre de rites initiatiques dans un sens analogue.Par ailleurs, on sait quelle place tient le respir dans les doctrines hindoues, le souffle étant notre moyen de participation à l'univers. Enfin, l'âme portait en Grèce le nom de pneuma (d'où la pneumatique, ou psychologie).

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Sourciers

— Sourciers — Les sourciers sont des radiesthésistes (voir ce mot) possédant une sensibilité élective pour l'eau. Cette sensibilité peut être pure, c'est-à-dire se manifester sans le secours d'aucun appareillage. Elle procure alors un état sui generis qu'a fort bien défini dans un des plus réputés d'entre eux, l'abbé Médéric Brodat : « Lorsque je passe au-dessus d'une source, dit-il, je me sens entrer dans un bain... »Dans la plupart des cas, le sourcier a besoin d'un « support », c'est-à-dire d'un intermédiaire révélant le fonctionnement sensitif — en l'occurrence une baguette ou un pendule. Ceux qui sont bien entraînés se servent de n'importe quelle baguette (de n'importe quel bois, ou de deux baleines, ou de deux tiges métalliques, etc...), ou de n'importe quel pendule (d'agate, de métal, de bois, etc...).Ceux que la suggestion enchaîne au respect de l'arsenal traditionnel se servent de la baguette de coudrier. Selon les écoles, elle doit être dégagée de son écorce sur une partie, ou au contraire intacte. On tient les deux branches du V dans les deux mains, la partie jointive de l'instrument se trouvant dardée horizontalement devant soi. Passe-t-on au-dessus d'une nappe d'eau ou d'un cours d'eau souterrain, la baguette s'incline et les efforts faits pour la retenir sont impuissants à la maintenir en position horizontale.On a expliqué la détection à la baguette par une influence de l'eau sur le bois sec — ou, plus récemment, par une radiation spécifique de l'eau. Tout cela est gratuit (comme nous l'expliquons à propos de la radiesthésie). D'ailleurs, les sourciers modernes se servent du pendule. D'autres n'utilisent rien, comme les « voyeurs d'eau » dont on cite les cas célèbres de la voyeuse d'eau de Lisbonne, du Provençal Jean Paragen, de la jeune Syrienne Hanne Naïm, êtres pour qui la terre était comme transparente et qui apercevaient l'eau dans ses profondeurs avec une précision visuelle assez déconcertante.L'art des sourciers est connu depuis la plus haute antiquité (pour documentation, se référer aux appellations aujourd'hui désuètes de rhabdomancie hydromancie).

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Spectre

— Spectre — Nom qui recouvre plusieurs choses et qui a le défaut supplémentaire de porter avec lui le poids de superstitions les plus ridicules.Voir plutôt et d'abord l'article consacré aux apparitions, puis les articles Corps astral, Dédoublement.

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Sphinx

— Sphinx — Fils de Typhon et d'Echidna, ce monstre avait un corps de femme, une tête de lion ainsi que les pattes du même animal, et des ailes d'aigle. Il vivait sur le mont Cythéron, près de Thèbes, où il avait été envoyé par Junon irritée contre les Thébains, parce que Jupiter avait eu deux enfants d'Alcmé. Le Sphinx proposait une énigme aux passants et il dévorait ceux qui ne l’expliquaient pas. Cette énigme consistait à deviner quel était l'animal qui avait quatre pieds le matin, deux à midi et trois le soir.Mais Œdipe décela le sens de cette énigme en y reconnaissant l'homme qui, dans son enfance, au matin de sa vie, se traîne souvent « à quatre pattes », qui, à midi, c'est-à-dire dans la force de l'âge, n'a besoin que de ses deux jambes, mais qui, le soir, c'est-à-dire dans sa vieillesse, est obligé de s'appuyer sur un bâton, comme sur une troisième jambe. L'énigme devinée, le Sphinx, de rage, se précipita contre un rocher sur lequel il se brisa la tête. Œdipe épousa Jocaste, qui devait être le prix du vainqueur du monstre.Le Sphinx personnifie le gardien d'un seuil métaphysique au-delà duquel les interdits sont levés (Œdipe, en tant que représentatif du destin de l'humanité, franchit le cap de l'interdit de l'inceste. En tant qu'homme, on sait qu'il ne le franchit pas). Mais le sens plus complet de gardien du seuil lui échoit pleinement si on le considère à son origine, qui est égyptienne. En Égypte, ce n'est qu'à titre tout à fait symbolique qu'il garde l'entrée des temples.

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Spire

— Spire — La spire est la figure formée par l'extrémité d'un segment de droite animé d'une rotation autour de son autre extrémité animée elle-même d'un mouvement rectiligne et continu. La spire est l'idéogramme représentant classiquement l'évolution (voir ce mot). Tous les phénomènes évolutifs s'inscrivent dans une spire (la végétation, la vie humaine, les grands courants de pensée, etc...).Si on considère la spire en se plaçant dans le prolongement de son axe, elle apparaît comme un cercle ou une ellipse. Sur ce cercle ou cette ellipse, se superposent au même point tous les passages de l'ellipse par une même génératrice. Les rythmes évolutifs vont ainsi pouvoir se figurer sur le cercle par des zones ou des arcs dont l'ensemble reconstitue la circonférence. L'interprétation de ces schémas circulaires relève de l'étude des rythmes (voir ce mot) et de la Croix (voir ce mot).Dans l'espace, le symbolisme spiral est plus riche puisqu'il restitue la double valeur de la structure et du mouvement, la double origine universelle droite et courbe (voir au mot Homosophie). Ainsi la représentation spirale est-elle un outil de recherche analogique du plus haut intérêt. Permettant de saisir sur un même axe longitudinal tous les faits correspondant à une même phase du cycle évolutif et au long d'un tour de spire tous les faits qui composent un cycle, elle a les propriétés représentatives du tableau â double entrée inscrit sur cylindre.Au surplus, il ne faut pas accorder au schéma spiral des propriétés métaphysiques qu'il n'a pas : il n'est qu'un procédé figuratif. II convient notamment de ne pas confondre le schéma spiral et les propriétés remarquables du solénoïde, confusion à partir de laquelle les plus beaux développements littéraires nous ont été offerts, sans intérêt pour personne.

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Spiritisme

— Spiritisme — Doctrine dans laquelle il est admis que les individus, à la mort, se dédoublent, et que le double, libéré du corps, peut se manifester aux vivants.Le spiritisme orthodoxe pose pour assuré que les esprits, après avoir erré, se réincarnent, se purifient d'existence en existence jusqu'à un état final heureux témoignant d'un effort moral suffisant. Il diffère donc de la métempsychose en ce qu'il croit à la réincarnation sous la seule forme humaine ; mais certaines sectes admettent la continuité à travers les espèces animales — ce qui traduit une influence des doctrines orientales.Les Chrétiens, dans certains pays, croient au spiritisme et accommodent selon des systèmes divers la notion de réincarnation avec les notions de paradis et d'enfer. Pour certains théosophes (Leadbeater par exemple), le cycle des existences se poursuit aussi sur d'autres planètes. En un mot, le spiritisme prend des formes assez variées, et aussi quelquefois, dans les pays anglo-saxons en particulier, le nom de spiritualisme. Or, ce mot a, dans le vocabulaire philosophique international, une signification toute différente (voir ce mot).A travers les divergences de détail — et malgré l'effort des théosophes pour fixer la doctrine — les spirites ont pour caractères communs :1°) De croire à l'existence d'Esprits sans corps et plus spécialement d'Esprits comparables aux nôtres.2°) De croire à l'immortalité des Esprits.3°) De soumettre les Esprits aux mêmes notions morales que celles qu'ils ont eux-mêmes.4°) De communiquer avec les Esprits par les techniques propres au spiritisme, ou sans préparation lorsque les Esprits se manifestent spontanément.5°) De penser que chacun de nous a eu des existences antérieures.6°) De professer, sur la base de ces croyances, une morale et une philosophie très estimables d'ailleurs, humainement parlant. Bien entendu, cette morale et cette philosophie subiront quelques variantes selon les divergences signalées ci-dessus : les spirites théosophes fondent leur morale sur le Karma (voir ce mot), les spirites catholisants ont une morale quasi chrétienne, les spirites métempsychosistes incluent les animaux dans leur morale et pratiquent le végétarisme, etc...Ou bien il faut considérer le spiritisme comme une religion, et il faut s'abstenir de tout examen en ce sens que la religion se fonde sur un état intérieur et un dogme. Ou bien, il faut le considérer comme une philosophie, et remarquer alors qu'il soulève nombre de difficultés : assurément, il s'appuie sur un fonds expérimental valable, celui que nous fait connaître la métapsychique d'une manière scientifique et objective. Mais visiblement, il outrepasse la réalité objective dans ses interprétations, et couronne le tout d'une philosophie quelque peu anthropocentrique.1°) A supposer que les Esprits avec lesquels les spirites entrent en contact soient ceux des morts, cela prouverait leur survie, mais non leur immortalité.2°) Les contenus des messages, tels qu'ils sont transmis par les médiums, ne sont pas d'accord entre eux sur le système métaphysique de l'au-delà. Il est remarquable notamment que les Esprits désincarnés ont des opinions métaphysiques variables selon les pays et les époques — et que ces opinions suivent à peu près l'évolution de celles des personnes qui les interrogent.3°) Les preuves que les spirites proposent à l'existence de vies antérieures reposent essentiellement sur les révélations des Esprits, sur des faits de réminiscence et sur des phénomènes subjectifs de révélation. Il est exact que, dans bien des cas contrôlés, les renseignements fournis par les Esprits se révèlent justes, alors qu'humainement, nul des intéressés ne pouvait savoir qui, où et comment vivait la personne indiquée comme antécédente.Il est exact que, dans bien des cas contrôlés, les réminiscences se révèlent justifiées et que la personne les ayant reçues découvre les traces matérielles de ses « souvenirs antérieurs ». Il est exact que par révélation directe, certains sujets aient décrit une « existence antérieure » qui, recherches faites, était bien celle de quelqu'un de réel, mort depuis longtemps... Mais rien ne prouve que ces faits ne soient pas des faits de voyance, et qu'il y ait réellement identité d'Esprit entre le leur et celui de la personne désignée.4°) Les Esprits évoqués sont quelquefois visibles ; leurs messages sont adaptés assez souvent. Mais rien ne prouve que la chose ne se limite pas à un phénomène métapsychique réel servant secondairement de support de voyance.En d'autres termes, rien ne prouve que le phénomène métapsychique observé sous une forme ou sur une autre soit réellement l'Esprit d'un mort, sinon apparemment par projection de problèmes affectifs propres aux opérateurs ou à leur entourage.Nous parlons ailleurs des tables tournantes, qui appellent d'autres réserves. Et pour nous en tenir aux quelques difficultés signalées ci-dessus, nous résumerons la question de la façon suivante :a) Étant donnés les phénomènes de métapsychique actuellement connus, il est évident que les faits allégués par les spirites sont de l'ordre des choses possibles. Si l'expérimentation est faite sans idées préconçues et intelligemment, on peut même affirmer que les faits existent.b) De ces faits, on doit faire la critique.Tout se passe comme si une Entité, disant être undésincarné, disait des choses vérifiables dans certains cas. Or, rien ne permet d'affirmer que sa qualité de désincarné ne lui soit pas attribuée par une projection de nos conceptions, rien ne permet d'affirmer qu'il ne s'agit pas de faits de voyance.c) Dans ces conditions, rien ne prouve que la doctrine spirite soit fondée. Néanmoins, et parce qu'une croyance n'exige point de démonstration, le spiritisme peut être admis comme doctrine religieuse.

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Spiritualisme

— Spiritualisme —  Nom donné à toute attitude philosophique admettant l'existence d'un esprit immatériel s'opposant à la matière. Il faut distinguer un spiritualisme relatif, qui admet une simple prévalence de l'esprit sur la matière, et un spiritualisme absolu pour lequel la matière n'existe pas ou n'existe qu'en fonction de l'esprit.En outre, et d'une façon abusive, on a donné le nom de spiritualisme au spiritisme (voir ce mot). Le spiritualisme s'oppose au matérialisme.On peut se demander quelle attitude doit prendre l'occultiste ou l'hermétiste devant le problème philosophique du spiritualisme et du matérialisme. Voici la réponse à cette question : la pensée humaine évolue lentement. Toutes les notions qu'elle avait cru absolues (voir au mot Temps) se révèlent l'une après l'autre, relatives.Aussi longtemps que la pensée n'a pas saisi que la distinction entre l'esprit et la matière ne procédait que de la structure mentale de l'homme, elle devait vivre sur les notions de l'esprit et de la matière. Aujourd'hui, nous savons que la matière est énergie, c'est-à-dire immatérielle. Il est donc nécessaire d'admettre l'inanité des notions de matérialité et d'immatérialité.Il n'y a qu'une chose : le Réel. Le Réel, tel que nous l'appréhendons, est une sorte de substance universelle apparaissant à l'homme, selon la subtilité de son organisation mentale, sous une seule forme (Dieu), sous deux formes (Esprit et Matière), sous trois formes (Matière, Âme, Esprit), sous quatre formes (Matière, Psychique, Âme, Esprit), sous neuf formes (Matière, le Vital, le Psychique, le Causal, etc...).Dans l'état actuel de nos connaissances et l'état de développement métapsychique de l'Occident, il est aussi ridicule de poser la question du spiritualisme et du matérialisme qu'il le serait de disputer sur la différence existant entre la glace, l'eau et la vapeur.Dans ces conditions, se déclarer matérialiste ne signifie rien, sinon qu'on a un état mental attardé ; il en est de même lorsqu'on se déclare spiritualiste, avec cette aggravation qu'il s'y ajoute une sorte de mépris du concret, bien peu propice à accéder au plan du Réel.

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