— Spiritisme — Doctrine dans laquelle il est admis que les individus, à la mort, se dédoublent, et que le double, libéré du corps, peut se manifester aux vivants.

Le spiritisme orthodoxe pose pour assuré que les esprits, après avoir erré, se réincarnent, se purifient d'existence en existence jusqu'à un état final heureux témoignant d'un effort moral suffisant. Il diffère donc de la métempsychose en ce qu'il croit à la réincarnation sous la seule forme humaine ; mais certaines sectes admettent la continuité à travers les espèces animales — ce qui traduit une influence des doctrines orientales.

Les Chrétiens, dans certains pays, croient au spiritisme et accommodent selon des systèmes divers la notion de réincarnation avec les notions de paradis et d'enfer. Pour certains théosophes (Leadbeater par exemple), le cycle des existences se poursuit aussi sur d'autres planètes. En un mot, le spiritisme prend des formes assez variées, et aussi quelquefois, dans les pays anglo-saxons en particulier, le nom de
 spiritualisme. Or, ce mot a, dans le vocabulaire philosophique international, une signification toute différente (voir ce mot).

A travers les divergences de détail — et malgré l'effort des théosophes pour fixer la doctrine — les spirites ont pour caractères communs :

1°) De croire à l'existence d'Esprits sans corps et plus spécialement d'Esprits comparables aux nôtres.

2°) De croire à l'immortalité des Esprits.

3°) De soumettre les Esprits aux mêmes notions morales que celles qu'ils ont eux-mêmes.

4°) De communiquer avec les Esprits par les techniques propres au spiritisme, ou sans préparation lorsque les Esprits se manifestent spontanément.

5°) De penser que chacun de nous a eu des existences antérieures.

6°) De professer, sur la base de ces croyances, une morale et une philosophie très estimables d'ailleurs, humainement parlant. Bien entendu, cette morale et cette philosophie subiront quelques variantes selon les divergences signalées ci-dessus : les spirites théosophes fondent leur morale sur le Karma (voir ce mot), les spirites catholisants ont une morale quasi chrétienne, les spirites métempsychosistes incluent les animaux dans leur morale et pratiquent le végétarisme, etc...

Ou bien il faut considérer le spiritisme comme une religion, et il faut s'abstenir de tout examen en ce sens que la religion se fonde sur un état intérieur et un dogme. Ou bien, il faut le considérer comme une philosophie, et remarquer alors qu'il soulève nombre de difficultés : assurément, il s'appuie sur un fonds expérimental valable, celui que nous fait connaître la métapsychique d'une manière scientifique et objective. Mais visiblement, il outrepasse la réalité objective dans ses interprétations, et couronne le tout d'une philosophie quelque peu anthropocentrique.

1°) A supposer que les Esprits avec lesquels les spirites entrent en contact soient ceux des morts, cela prouverait leur survie, mais non leur immortalité.

2°) Les contenus des messages, tels qu'ils sont transmis par les médiums, ne sont pas d'accord entre eux sur le système métaphysique de l'au-delà. Il est remarquable notamment que les Esprits désincarnés ont des opinions métaphysiques variables selon les pays et les époques — et que ces opinions suivent à peu près l'évolution de celles des personnes qui les interrogent.

3°) Les preuves que les spirites proposent à l'existence de vies antérieures reposent essentiellement sur les révélations des Esprits, sur des faits de réminiscence et sur des phénomènes subjectifs de révélation. Il est exact que, dans bien des cas contrôlés, les renseignements fournis par les Esprits se révèlent justes, alors qu'humainement, nul des intéressés ne pouvait savoir qui, où et comment vivait la personne indiquée comme antécédente.

Il est exact que, dans bien des cas contrôlés, les réminiscences se révèlent justifiées et que la personne les ayant reçues découvre les traces matérielles de ses « souvenirs antérieurs ». Il est exact que par révélation directe, certains sujets aient décrit une « existence antérieure » qui, recherches faites, était bien celle de quelqu'un de réel, mort depuis longtemps... Mais rien ne prouve que ces faits ne soient pas des faits de voyance, et qu'il y ait réellement identité d'Esprit entre le leur et celui de la personne désignée.

4°) Les Esprits évoqués sont quelquefois visibles ; leurs messages sont adaptés assez souvent. Mais rien ne prouve que la chose ne se limite pas à un phénomène métapsychique réel servant secondairement de support de voyance.

En d'autres termes, rien ne prouve que le phénomène métapsychique observé sous une forme ou sur une autre soit réellement l'Esprit d'un mort, sinon apparemment par projection de problèmes affectifs propres aux opérateurs ou à leur entourage.

Nous parlons ailleurs des tables tournantes, qui appellent d'autres réserves. Et pour nous en tenir aux quelques difficultés signalées ci-dessus, nous résumerons la question de la façon suivante :

a) Étant donnés les phénomènes de métapsychique actuellement connus, il est évident que les
 faits allégués par les spirites sont de l'ordre des choses possibles. Si l'expérimentation est faite sans idées préconçues et intelligemment, on peut même affirmer que les faits existent.

b) De ces faits, on doit faire la critique.
Tout se passe comme si une Entité, disant être un
désincarné, disait des choses vérifiables dans certains cas. Or, rien ne permet d'affirmer que sa qualité de désincarné ne lui soit pas attribuée par une projection de nos conceptions, rien ne permet d'affirmer qu'il ne s'agit pas de faits de voyance.

c) Dans ces conditions, rien ne prouve que la doctrine spirite soit fondée. Néanmoins, et parce qu'une
croyance n'exige point de démonstration, le spiritisme peut être admis comme doctrine religieuse.

Marianne VERNEUIL

 

Note de l'éditeur :
Il est clair que les adeptes du spiritisme sont d'un autre avis et que des témoignages et le vécu des expériences dans ce domaine ont convaincu nombre de personnes.

Les recherches en parapsychologie nous révèlent constamment de nouveaux aspects du spiritisme et de l'après-vie, ce vaste domaine encore peu exploré.

Des auteurs dans le domaine spirituel nous font comprendre la non-dualité entre la Vie et la Mort, une réalité qui se dévoile toujours plus à ceux qui cherchent.