— Prédestination — Le débat théologique sur la prédestination n'a pas sa place ici. Pourtant, le fait de la voyance pose le problème du déterminisme absolu. Il est certain notamment que bien des esprits éclairés refusent avec une inconsciente mauvaise foi de constater les faits de voyance, parce qu'ils tiennent avant tout à sauver la notion de libre arbitre.

Nous croyons, à l'article Destin, avoir donné les directives générales qui permettent de voir comment s'articulent réciproquement le destin fatal, tel qu'il existe, et le destin tel que le conçoit l'homme.

  

Les différents conciles qui ont réuni les autorités théologiques autour de la question de la grâce semblent bien avoir finalement pris parti pour un déterminisme absolu contrôlé par Dieu — le nombre des justes étant inscrit depuis le premier jour, etc...

 

On peut comprendre la chose d'un point de vue statistique et, en cela, la Loi de Dieu serait assez conforme aux lois de l'univers : je pense, par une hygiène exemplaire, prolonger ma vie de dix ans ; mais rien ne fera que je transgresse les lois statistiques qui régissent la longévité. Si je m'écarte de la courbe type, cet écart même est inscrit dans la loi des Écarts probables. En un mot, je n'échappe pas à la Loi sinon par l'artifice qui consiste à donner une importance privilégiée à mon moi.

 

Sans aller pousser l'analyse et pour en revenir à une conception élémentaire de la chose, on peut se demander à quoi correspond l'affirmation : « Dieu connaît nos destinées de toute éternité » si ces destinées n'étaient pas inscrites quelque part. On peut se demander aussi pourquoi, dans cette inscription cachée, les prophètes pourraient seuls lire et non les voyants. Enfin, en ramenant la question à un plan général, on se demande pourquoi la science aurait le seul privilège de prévoir « à une approximation près ».

 

Il semble que la question soit faussée :
1°) D'une part, par une conception erronée de la loi.
2°) D'autre part, par une perspective absolument égocentrique des problèmes métaphysiques.
3°) Enfin, par une fausse acception de la notion de temps (voir ce mot).