— Main de gloire — Elle était employée pour rechercher les trésors cachés. Pour la préparer, on coupait à minuit, un vendredi si possible, la main d'un pendu au-dessus du poignet, on repliait les doigts dans la paume, on la plongeait dans un vase de cuivre neuf contenant du salpêtre, du zinc en limaille et la substance nerveuse contenue dans l'épine dorsale d'un chat. Sous le vase, on allumait une poignée de fougère desséchée, mélangée de verveine fraîchement cueillie. Peu de temps après, la main était desséchée.
On plaçait dans cette main une chandelle dont la mèche, faite de trois brins de chanvre, devait être prise à la corde d'un gibet. La chandelle elle-même était composée mi-partie de graisse humaine, mi-partie de cire vierge. La flamme devait provenir d'un tabernacle et celui qui s'en servait devait éviter à tout prix qu'elle ne s'éteignît pendant ce trajet sous menace de mourir dans l'année. Arrivé au lieu du présumé trésor, la flamme pétillait de plaisir et s'éteignait brusquement quand il était découvert.
De l'idée de trésor à découvrir, les industrieux en sont venus à penser à l'immense trésor que représente la propriété d'autrui. Entre leurs mains, la Main de Gloire est devenue le Charme d'engourdissement, permettant aux voleurs de ne pas être découverts ni soupçonnés.
Chaque découverte d'arme entraînant celle d'un nouveau blindage, la protection fut bientôt prévue par les magiciens des campagnes. On était préservé de ceux qui faisaient usage du charme d'engourdissement à partir du moment où l'on avait frotté le seuil de sa porte avec un onguent composé de graisse de poule blanche, de sang de chouette et de fiel de chat noir — formule comportant des produits habituellement réservés à la magie noire, mais qui, en l'occurrence, sont protecteurs en vertu du principe : Similia similibus curantur.