Papus (1865-1916) [Dr Gérard Encausse]
est un médecin et occultiste français, cofondateur de l'Ordre Martiniste avec Augustin Chaboseau.

 

Il se donna pour tâche de diffuser une doctrine synthétisant divers aspects de l’ésotérisme occidental d'alors, représenté par le chimiste Louis Lucas, le mathématicien Wronski, l'alchimiste Cyliani, le pythagoricien Lacuria, le magnétiseur Hector Durville.

Gérard Encausse se fait appeler Papus d’après le nom d’un esprit du Nuctaméron, œuvre attribué à Apollonius de Tyane.

Il fut grandement influencé par les travaux de Antoine Fabre d'Olivet et Alexandre Saint-Yves d'Alveydre.
La pensée de Louis-Claude de Saint-Martin lui marqua profondément.
En 1890 il rompit avec la Société Théosophique de Mme H.P.Blavatsky.

Il laissa plus de 160 ouvrages divers et fut un des plus importants vulgarisateurs des différents courants ésotériques.


Il faut un peu le courage du désespoir

Il semble, au premier abord, qu'il faut un peu le courage du désespoir pour venir parler encore de philosophie spiritualiste à notre époque de science positive et au moment où la psycho-physiologie semble devoir embrasser dans son domaine d'expériences tout ou presque tout ce qui appartenait jusqu'ici à la philosophie classique.

Ce qui nous donne ce courage, c'est que nous sommes nous-mêmes passés par cette phase de positivisme matérialiste et que nous en sommes sortis, comme en sortiront, à notre avis, tous ceux qui trouveront dans la science elle-même les réponses aux premières objections soulevées par les études scientifiques contre la vague métaphysique et les affirmations sans preuve qui constituent la philosophie spiritualiste classique de Cousin et de ses successeurs.

La voie qui nous a conduit à nos conceptions actuelles concernant l'Homme, l'Univers et Dieu, est loin d'être nouvelle puisqu'elle se rattache à ces idées enseignées dans les temples d'Égypte dès 2600 avant Jésus-Christ et qui ont constitué plus tard le Platonisme et, en grande partie, le néo-platonisme.

Or, devant les difficultés qu'éprouve le positivisme matérialiste à donner une explication de faits psychologiques qui se multiplient à l'heure présente comme ceux qui se rapportent à l'intuition, à la télépathie, aux rêves prophétiques et aux transformations de la matière sous l'influence de cette force émanée de l'homme et appelée psychique, devant ces difficultés, les chercheurs de bonne foi en sont venus à demander autre chose que les injures, les négations ou les évocations de coïncidences ou d'hallucinations qui cachent un dépit mal dissimulé.

Beaucoup de ces chercheurs se sont adressés à cette antique philosophie des Patriarches, des initiateurs égyptiens de Moïse, des Gnostiques et des Illuminés chrétiens, des Alchimistes et des Rose-Croix, qui' jamais n'a varié dans ses enseignements à travers les siècles et qui explique aujourd’hui aussi facilement les faits du spiritisme et de l'hypnose profonde qu'elle expliquait lors de la dix-huitième dynastie égyptienne les rapports du Kha et du Khou, du corps physique et du corps lumineux dans leur action sur le Baï, sur l'Esprit intelligent. Cette philosophie est connue actuellement sous le nom d'Occultisme et c'est sa manière d'envisager le spiritualisme que nous devons résumer de notre mieux dans les pages suivantes.

Mais une chose nous épouvante : c'est un traité ou mieux un exposé de philosophie que nous sommes amenés à faire et nous sommes un bien piètre philosophe, ainsi que les critiques avisés ne manqueront pas de le faire remarquer.

Les études de médecine, telles qu'elles sont comprises à l'heure actuelle, font de rares cliniciens, de vagues anatomistes, quelques physiologistes, mais pas de philosophes au sens élevé de ce mot. Nous ne parlerons pas du lycée qui fait faire aux aspirants bacheliers quelques mois d'histoire de la philosophie panachés de métaphysique enfantine ; comme tout ce que fait le lycée, il faut le refaire plus tard, si on veut en tirer un réel profit.

Il reste les études théologiques, les séminaires et les hautes études laïques de la Sorbonne et du Collège de France. Les élèves de saint Thomas et ceux de Renan. C'est, entre eux et les physiologistes que se livre le combat de la pensée contemporaine. Nous n'avons pas, pour notre part, à prendre parti d'un côté plus que de l’autre.

A l'encontre de beaucoup de créateurs de systèmes philosophiques, qui commencent leur traité par la démolition systématique des systèmes de leurs prédécesseurs et par l'affirmation qu'ils apportent enfin la vérité intégrale (jusqu'à ce qu'ils subissent le sort desdits prédécesseurs), nous venons déclarer tout d'abord que nous n'avons rien créé d'original et que notre rôle consiste à résumer en l'adaptant à notre époque, une philosophie très ancienne.

Si notre faible plume trahit quelquefois la Sagesse qu'elle est chargée de traduire, nous prions les chercheurs de recourir aux originaux et de n'attribuer les erreurs qu'à notre ignorance et à notre manque d'éloquence. C'est cette garantie qui, seule, nous donne le courage de mener jusqu'au bout une tâche qui nous paraît au-dessus de nos forces.

Si les quelques pages suivantes poussent certains esprits à lire de plus près les maîtres dont nous ne sommes qu'un obscur disciple, si les chercheurs sérieux se rendent compte que l'occultisme est mieux que cet ensemble d'idées vagues sous lesquelles ses adversaires cherchent à l'accabler, si, enfin, on pressent l'unité que cette philosophie inspiratrice, par les centres initiatiques, de Spinoza, de Goethe, de Leibnitz et de tant d'autres, apportent dans la querelle de la Science et de la Croyance, alors notre modeste essai aura largement atteint plus que son but.

 

PAPUS (Docteur Gérard Encausse) dans « Qu’est-ce que l’Occultisme ? »