Comme il l’a lui-même reconnu dans la préface de son premier livre, une grande partie de sa formation scientifique lui est venue de l’École Centrale. Rappelons que c’est encore de nos jours l’école universitaire française la plus sélective, et une des meilleures au niveau européen. Elle fut fondée au début du XIXème siècle sur ordre de Napoléon, et parmi ses enseignants et ses élèves, figurent quelques-uns des plus hauts représentants de la culture scientifique française : Fresnel, Ampère et Sadi Carnot, pour ne citer qu’eux.

La thèse choisie par le jeune Turenne, sur la radio - télégraphie et les radio-transmissions sans fil, témoigne de son esprit de pionnier.

À la fin du XIXème siècle, on en savait déjà beaucoup sur l’électromagnétisme, tout au moins d’un point de vue théorique, grâce aux travaux de Faraday, Maxwell, Hertz et aussi d’Alexandre Volta qui, grâce à sa découverte de la pile, a permis aux chercheurs d’utiliser des courants d’intensité plus élevée et surtout contrôlable.
 
Cette thèse lui a permis d’approfondir ses connaissances en matière d’émission et de propagation des ondes, ainsi que sur les mécanismes qui régissent le phénomène de l’induction électromagnétique.

Ces connaissances seront indispensables pour évaluer correctement son travail.

Nous pouvons donc affirmer que, pour ce qui est de sa préparation scientifique, l’ingénieur Turenne a reçu la meilleure formation techno - scientifique possible pour l’époque.

Successivement, il sera toujours attentif aux dernières découvertes, comme on peut le constater en confrontant les sujets qu’il traite et les connaissances scientifiques « officielles » de l’époque où il rédigea ses livres.

Le corpus des ses oeuvres peut être subdivisé en 3 groupes :
- le premier se compose de cinq livres rédigés de 1931 à 1935 ;
- le deuxième se compose de trois livres écrits entre 1942 et 1952 ;
- le troisième se compose de deux livres posthumes publiés en 1959, ils contiennent des textes rassemblés par sa femme et le colonel De Blois.

Du point de vue de la forme, son écriture est sobre même si parfois elle apparaît fébrile, le texte de divulgation est sans cesse interrompu par des notes et des observations, comme pour traduire l’urgence d’une pensée qui veut s’attarder sur un point et le souligner, plutôt que procéder de l’avant et relier les éléments entre eux.

Turenne est certainement peu enclin à la recherche stylistique et à l’élégance du verbe, souvent il avance par à-coups dans un chevauchement de thèmes semblables mais sans liens entre eux. Plus qu’une exposition raisonnée et synthétique de théories et de protocoles expérimentaux, cela ressemble au compte-rendu quotidien de ses expériences, une suite de notes et de phrases qui constituent le prélude d’un sujet dont on perd ensuite la trace.

Bien que son style rappelle plus celui de Faraday que celui de Maxwell, ce qui surprend toutefois, c’est la manière dont cette masse bouillonnante d’idées, d’expériences et d’hypothèses suit en réalité une parfaite logique qui s’articule d’un livre à l’autre, selon les canons de la divulgation scientifique du XIXème siècle.

Il traite successivement de magnétisme, d’optique, d’électricité, d’électromagnétisme et de radioactivité, soulignant discrètement par là-même le fait que son travail n’est pas en rupture mais qu’au contraire il constitue un continuum scientifique et culturel, tout en privilégiant certains aspects plutôt que d’autres.