— Rituel —Terme générique désignant « ce qu'il faut faire » conformément à la règle dogmatique ou magique. Du point de vue de son contenu, un rituel comporte des paroles à prononcer, des attitudes à prendre, des gestes à faire, des actes précis, des vêtements à arborer, etc...

Le Rituel désigne à la fois le déroulement des opérations prescrites (ex. le Rituel du Baptême) et le Recueil contenant la description des rites (ex. : Rituel de Haute Magie).

Quant à son origine et sa signification, il n'est pas sans intérêt de rapporter ici le schéma qui en a été fait par la Société Française de Psychosociologie :
1°)- Le rite est, dans un premier temps, le processus inconscient qui guide les actes dans ler manifestations de magie de participation (voir Magie) : gestes, paroles, incantations, etc...

2°)- Comme la pensée est originairement collective, le rite se traduit par des actes collectifs qui traduisent cette participation magique (danses, chants, cérémonies faisant partie de la tradition élémentaire des peuples primitifs, etc.).

3°)- Les rites, sous l'in fluence des sorciers, de prêtres ou de tout autre agent de socialisation, se figent en un Rituel.

4°)- Sous l'influence de ces mêmes agents, le Rituel se rigidise et se charpente d'un Dogme ; il acquiert des droits de coercition sur les non-conformistes.

5°)- Le dogme devient abstrait et le Rituel se vide de son contenu tout en affermissant les lignes de son protocole ; il devient gestes et paroles dénués de son sens pour le commun.

6°)- Le Rituel, privé de son sens, dégénère alors. Ou bien il se transforme jusqu'à être méconnaissable ; ou bien il est abandonné progressivement ; ou bien, parce qu'il garde un attrait pittoresque, il demeure sous une superstition ou un jeu. L'histoire des jeux est typiquement intéressante à cet égard : Colin Maillard, par exemple, se jouait au XVIIe siècle en déguisant la victime d'une peau d'animal close de toutes parts, et en rossant cruellement ce personnage aveugle, assimilé au diable, jusqu'à ce qu'il ait attrapé un de ses bourreaux.

Comme un rituel procède originairement des forces magiques — c'est-à-dire des lois naturelles — il procède par contrecoup de tous les rituels correspondants ayant eu cours en d'autres temps. Cela explique que le Rituel de l'Église Romaine reprenne involontairement le Rituel de l'Orphisme et de toutes sortes de religions monothéistes antiques : le solstice d'hiver a donné lieu à des pratiques magiques collectives qui, sous des noms divers, appellent des formes expressives analogues — qu'on appelle ce solstice « nouveau soleil » ou « Noël ». Aussi faut-il, pour l'étude, considérer les rites « en enfilade ».

C'est de la correspondance de rituels correspondants qu'on peut tirer les rudiments d'une symbolique expérimentale. Quant au jugement humain à porter sur les rites, s'il fallait en exprimer un, il faudrait dire qu'ils ne sont pas une preuve de faiblesse, mais au contraire un garant d'authenticité. Qu'il s'agisse d'une religion déiste, d'une religion métaphysique ou d'une religion politique, ce qui serait inquiétant serait que fût abandonné un rituel correspondant à la Nouvelle Année, au repos dominical, à la Saint-Jean, etc... (voir Premier Mai).
Par contre, le fait que les ressortissants d'un dogme ne saisissent plus le sens de son Rituel est de mauvais augure quant à la longévité de ce dogme.