— Roue de la Fortune —  Nom de la X-ième lame du Tarot.
Le Sphinx, qui siège au sommet de la Roue, a des ailes rouges, un corps et un visage bleus, une couronne jaune, une épée blanche.
Les personnages sont habillés de bleu et de rouge. Les rayons de la Roue sont blancs dans leurs moitiés externes et bleues dans leur moitié interne, alors que le moyeu est rouge. La manivelle est blanche.

Le support du Sphinx, le corps du personnage ascendant et le support de la roue sont jaunes. Le sens de cette carte est défini de toutes les façons. On y devine bien l'idée d'un équilibre, d'un cycle, d'un arbitre du cycle, mais les précisions manquent en général. On peut essayer, par l'analyse de l'image, d'en apporter quelques-unes :

1°) -La roue est de chair. Elle semble disposée pour ne pas tourner. Notamment l'axe de la manivelle ni le second pied du socle n'existent derrière le plan de la roue. Le Sphinx est posé à même la jante, or il est clair qu'il occupe une position centrale et qu'il n'en bouge pas. Ce sont donc les têtes qui montent et qui descendent le long d'un circuit qui a les apparences d'une roue. Jusque là, c'est assez conforme à la notion de cycle.

2°)- La manivelle et l'extrémité distale des rayons sont blancs. Ce qui supporte donc le cycle et conditionne le mouvement apparent n'est ni Dieu ni Diable, mais le Déterminisme Universel.

3°)- Le moyeu est rouge entouré de bleu. Si l'homme suppose un mouvement circulaire (qu'il croit réel), il suppose aussi un centre. Ce centre apparent est Dieu (un Dieu total d'ailleurs, c'est-à-dire Couple ou Androgyne) : Père et Vierge noire ou Christ et Vierge, ou Saint-Esprit Androgyne ou Dieu et la Nature, ou Isis et Osiris, etc...). Ce centre est un centre dans la mesure où une roue est une roue. C'est-à-dire que Dieu est une notion transcendantale.

4°)- Un personnage est jaune, l'autre chair, ce qui s'interprète comme le mouvement évolutif de la spiritualité et le mouvement involutif de la matière. Si le cycle n'est pas un mouvement, ce sont deux potentiels qui s'équilibrent. Toutefois, celui qui monte a les oreilles bouchées par un bandeau. Il est fermé au monde et ne regarde que vers le haut. L'oreille étant symbole d'animalité (classique dans les contes de fées, le folklore, etc...), tout ce symbolisme est homogène.

5°)- Le Sphinx bleu et rouge est l'Énigme
 métaphysique, elle aussi équilibrée polairement. C'est-à-dire que la voie de la Connaissance offre des solutions aussi équilibrées que celles de la foi. En plus, elle porte le glaive blanc — le même que celui du Diable à la lame XV. Ce sabre-sceptre est encore la grande loi rigoureuse et incolore du cosmos.

Ces points étant fixés, l'opposition entre le centre de la Roue apparente et le Sphinx semble se décider en faveur de celui-ci, qui porte la couronne et le sceptre. Seule la voie de la Connaissance (l'Énigme) permet à la spiritualité de franchir l'apparent enchaînement du cycle de la vie. Mais cette accession ne change rien à l'équilibre final du monde. En d'autres termes : la grâce est incluse dans le déterminisme (ce qui est conforme d'ailleurs aux conclusions des Conciles) — ou encore : le choix de la Voie Initiatique n'affranchit pas du Déterminisme Universel — ou enfin : le Destin et le Libre-Arbitre ne sont pas des notions qui s'opposent.