— Rythmes — Selon la conception hindoue, abandonnée en Occident, puis reprise par la science tout récemment, tout est rythme dans l'Univers. La cosmogonie hindoue nous montre le rythme de manifestation et de résorption de l'Univers (voir au mot Yuga) à l'échelle des millénaires.

A l'échelle des heures, l'astrologie hindoue nous enseigne que les influx du soleil changent de valeur cinq fois toutes les deux heures (24 min. de courant
Akash, 24 min. de Vaya, 24 min. de courant Tajas, 24 min. de courant Prithvi, 24 min. de courant Apas).

Chaque période de 24 minutes se divise elle-même en cinq périodes de 4 minutes et demie (pour Akash, une période Akash-Akash, une période Akash-Vayu, etc... Ces « courants » ont des caractéristiques et influences propres, qui reproduisent elles-mêmes à cette échelle celles des courants de plus grande amplitude liés au cours macroscopique des planètes.

Sur la trace de ces conceptions traditionnelles, on retrouve mille fois exprimée cette idée des rythmes de la nature. Cependant, au fur et à mesure que les sciences défrichent des territoires nouveaux, la notion de rythmes s'impose de plus en plus précisément. On sait l'extrême généralité du phénomène ondulatoire.
Il a fallu, pour s'en apercevoir, trois millénaires depuis le moment où Hermès (ou l'école initiatique égyptienne en tenant lieu), formulant
les sept lois du Kybalion, disait : tout est mouvement pendulaire. La science moderne ne va pas si loin et limite le fait au domaine des radiations.

Toutefois, les historiens ont fourni matière à de fort ingénieuses études sur les rythmes humains depuis le XIXe siècle (travaux de Rémy Brucke,
Les Rythmes dans l'Histoire, de Gaston Georgel, etc...). Plus près de nous, il faut signaler l'intéressant essai du Dr Frétigny sur l'alternance des phases rythmiques, mélodiques et harmoniques dans les moyens d'expression (écriture, musique, architecture, etc...), les communications de Guy Michaud à la Société Française de Psychosociologie, sur le rythme spiral de l'histoire littéraire.

Mais la
Social Psychology américaine, enrichie d'un Institut pour l'étude des Rythmes, porte résolument la question sur le plan statistique et découvre partout dans la nature des rythmes simples ou résultant d'une absolue fixité — et cela sur des ordres de faits allant du cours du dollar au rendement de la chasse à la loutre en passant par la courbe du taux de glycémie et la pêche au saumon.

D'après les travaux de cet Institut (voir le livre Cycles, non traduit), on observe des synchronismes aussi nombreux qu'inexplicables — par exemple le fait que les variations des valeurs immobilières cotées à Wall-Street sont exactement synchrones des variations du
ph sanguin (taux d'acidité du sang) des habitants de New-York. L'autre constatation importante concerne la durée des cycles, qui peut être déconcertante en ce qu'elle ne coïncide avec aucun facteur terrestre connu rythmes de trois ans et trois mois, de sept ans et six mois, etc., etc.

Il y aurait certes le plus grand intérêt à rapprocher ces données de celles de
l'astrologie mondiale (voir cet article) conduite selon la méthode d'ArBarbault. Sur ce terrain, il ne faut pas méconnaître les travaux du Dr Maag en Allemagne, sur les corrélations entre les variations horaires de température et les configurations planétaires, ceux du Dr Kolisko au Goetheanum sur la croissance des plantes et sur les réactions chimiques des métaux dans leurs rapports avec les cycles planétaires.

Il faut noter en passant que ces travaux montrent une action élective de la Lune sur les sels d'argent, du Soleil sur les sels d'or, de Mars sur les sels de fer, de Vénus sur les sels mercuriels et de Mercure sur les sels de cuivre. Ce résultat est d'autant plus intéressant qu'il confirme les correspondances de la Tradition dans trois cas sur cinq, et que ces correspondances sont interverties en ce qui concerne Mercure et Vénus.

Parmi les études de
l'Institut pour l'Étude des Rythmes (U. S. A.), il faut mentionner aussi celle des « courbes de croissance » qui ont la particularité d'appartenir à la même famille mathématique (courbe en S ou courbe en cloche) — d'être même quelquefois superposables, comme celle qui représente la croissance des colonies de streptocoques sur bouillon gélose et celle qui représente l'accroissement de la population américaine dans les États de l'Ouest — et autres coïncidences aussi inattendues.

Qu'il s'agisse de l'accroissement de poids d'une tribu de souris ou d'un animal unique, ou du chiffre d'affaires d'une manufacture, on obtient une courbe qui se trouve être la courbe de Gauss — c'est-à-dire la courbe représentative du cas le plus général des probabilités. Par rapport à cette courbe prise pour axe, les faits particuliers s'inscrivent eux-mêmes selon un écart (dont la formule des
écarts probables indique l'importance) et suivant un rythme secondaire. De sorte que le monde entier s'inscrit en des rythmes par rapport à des rythmes — ainsi jusqu'au-delà de notre aperception.

Cette vue grandiose n'est pas faite pour infirmer la notion traditionnelle de périodicité, qu'on retrouve d'un bout à l'autre de l'occultisme, exprimée de façons variées. En dehors des spéculations scientifiques d'une part, et des spéculations analogiques de l'autre, se situant mille essais et mille systèmes qui doivent contenir une part de vérité, mais ne portent pas apparemment leur garantie. Sous réserve d'examen, nous citerons par exemple le système du Wilhelm Fliess (
Der Ablatif des Lebens, 1906), complété par H. Früh, H. Schwing et le professeur Hersey. Ce système distingue, dans-le cours de la vie humaine, trois cycles superposés : l'an de 23 jours, l'autre de 28 jours et le troisième de 33 jours.

Le point de départ de ces cycles, qui sont sinusoïdaux (deux demi-périodes par cycle, l'une positive, l'autre négative) est le jour de la naissance, soit, pour d'autres auteurs, un point qu'on peut fixer à partir de dates correspondant à des événements déjà connus d'une vie. De la relativité des positions des courbes représentant chacun, des trois rythmes, on tire des conclusions diverses. Si par exemple les trois, courbes sont à la fois dans leur demi-période négative, le sujet est en état-de moindre résistance. La coïncidence de trois nœuds ascendants (fin de la phase négative — ou début du cycle suivant) représente le jour critique type.

D'après le statisticien Schwing (Suisse), les statistiques des assurances montrent qu'un accident mortel sur 9 et un accident sur 7 (soit au total 25 °/°° des accidents) se sont produits, dans les 1.000 cas étudiés par cet auteur, au jour critique type. En outre, l'analyse des événements quotidiens semble assigner au rythme de 23 jours une signification biologique masculine, au rythme de 28 jours une signification biologique féminine, enfin au rythme de 33 jours, une correspondance avec les faits d'ordre intellectuel (ou peut-être, en plus, un cycle thyroïdien).

On peut regretter que de telles questions ne fassent pas l'objet en général d'études de grande envergure. Celles qui ont été faites en statistique météorologique pure étaient du plus grand intérêt et n'ont pas été reprises à notre connaissance. Les autres éprouvent toutes sortes de difficultés matérielles. Pourtant, l'étude des rythmes est une des voies royales de découverte des analogies et on ne peut qu'encourager les occultistes dans cette direction concrète et féconde.