Le mythe d'Hyram

Le temps était venu où le roi Salomon devait élever un temple à la gloire du Grand Architecte de l'Univers. Il fut aidé dans cette grande entreprise par Hiram, roi de Tyr.

Ce prince lui fournit en abondance les matériaux les plus riches et lui procura un grand nombre de ses ouvriers.

Mais il lui fit un don plus précieux encore en lui envoyant Hiram-Abif, très habile architecte dans tous les ouvrages d'art. Salomon lui donna sa confiance et l'établit chef de tous les ouvriers (I, II, Sam. ; I, Rois, etc.).

 

Tableau maçonnique représentant «l'oeuvre» du Maître Hiram.

Hiram-Abif sépara les ouvriers en trois classes afin que chacun pût recevoir une paye proportionnée à son mérite et ses talents. Il donna à chaque classe des signes, mots et attouchements différents.

Les premiers, ou apprentis, étaient appelés à la colonne J (I, Rois, VII, 21) où il leur donnait leur salaire, les compagnons à la colonne B. Mais il introduisit les maîtres dans la Chambre du Milieu pour y être pavés selon leur valeur.

Les guets-apens

Trois perfides compagnons conçurent le détestable projet d'arracher à Hiram-Abif le mot des maîtres, pour s'en procurer indûment la paye. Dans ce dessein, ils se placèrent à trois portes différentes du temple à l'heure où, les ouvriers s'étant retirés, Hiram-Abif avait coutume d'aller, seul, inspecter les travaux.

Hiram étant entré par la porte d'Occident, et voulant se retirer par la porte du Midi, y trouva un des compagnons qui lui demanda le mot de maître, en le menaçant de le tuer s'il résistait à cette demande.

Devant son refus, ce scélérat lui asséna un grand coup de marteau sur l'épaule gauche. Hiram voulut s'échapper par la porte du Nord. Il y trouva le second assassin qui lui fit la même demande et, vu son refus, le monstre lui porta un grand coup de maillet sur l'épaule droite qui faillit le terrasser.

Cependant, Hiram-Abif eut encore la force de s'enfuir vers la porte d'Orient, mais il y trouva le troisième compagnon qui, le voyant affaibli, lui demanda impérieusement le mot de maître. Hiram ne put se dissimuler le danger où il se trouvait en refusant, mais il préféra son devoir à la sauvegarde et le compagnon lui porta un grand coup de levier sur le front, qui le fit tomber mort.

Ces furieux voulurent alors enterrer le cadavre, espérant que leur crime resterait ignoré. Mais, comme il faisait encore jour, ils le cachèrent d'abord sous un monceau de pierres, puis le portèrent dans un lieu élevé, où ils l'enterrèrent.

La queste

Lorsque sept jours se furent écoulés, Salomon, inquiet sur le sort de Maître Hiram, ordonna à neuf maîtres de le chercher. Les neuf maîtres se partagèrent en trois bandes : trois d'entre eux sortirent par la porte du Midi, trois par celle du Nord, et enfin les trois autres prirent leur route par la porte d'Orient.

Ils appelèrent en vain le Maître Hiram, mais ceux qui s'étaient dirigés vers l'Orient, attirés par l'éclat d'une vive lumière qui partait d'un lieu élevé, firent les plus grands efforts pour y parvenir.

Accablés de fatigue, ils s'assirent et aperçurent une éminence où la terre avait été nouvellement remuée. Ils se mirent à fouiller et trouvèrent un cadavre qu'ils reconnurent, à la lame d'or dont il était décoré, pour le corps de notre Maître Hiram. Alors, ils jetèrent des cris de douleur et se firent entendre des deux autres bandes de maîtres.

Ceux-ci accoururent et tous les neuf vérifièrent que ce cadavre était bien le corps du Maître Hiram et qu'il avait été assassiné. Ils soupçonnèrent de ce crime abominable quelques méchants compagnons qui avaient voulu lui arracher le mot de maître pour en avoir le salaire. Dans la crainte que, moribonde, la victime eût prononcé le mot, ils convinrent de ne plus l'employer, mais de lui substituer la première parole qu'ils prononceraient en exhumant le cadavre.

L'acacia

Ensuite, ils plantèrent sur cette éminence une branche d'épines nommée acacia, et ils se rendirent auprès du roi Salomon afin de lui apprendre cette triste nouvelle.

Pour témoigner la tendre amitié qu'il avait pour Hiram-Abif, le roi ordonna à neuf maîtres d'exhumer son corps et de le transporter dans le Temple. Il voulut aussi que, pour honorer sa mémoire, ils fussent accompagnés par tous les autres maîtres.

Les neuf maîtres étant arrivés en premier jusqu'à la branche d'acacia, l'un d'eux prit le doigt index du cadavre, mais la peau se détacha de l'os et lui resta dans la main. Un autre le prit par le doigt du milieu, mais la chair lui resta aussi dans la main.

Putréfaction

Enfin le troisième essaya de l'enlever en le tirant par le poignet, mais la chair lui resta aussi dans la main ; alors, il s'écria : “Mak-Benach”, ce qui signifie “le corps est corrompu” ou “la chair quitte les os”, et il se mit en devoir d'exhumer le cadavre.

Les huit autres maîtres se réunirent pour l'enlever en présence de tous les autres. Ayant revêtu les marques de leur grade, ainsi que des gants blancs pour témoigner qu'ils étaient innocents de ce meurtre, ils portèrent le corps d'Hiram en grande pompe.

Le roi Salomon lui fit faire des obsèques magnifiques et fit placer dans son tombeau la lame d'or triangulaire où était gravée la Parole des maîtres.

La Parole perdue

Salomon ayant approuvé la résolution des neuf maîtres (au sujet du nouveau mot remplaçant la Parole cachée) tous les maîtres se rangèrent en cercle autour du tombeau.

Le maître qui avait relevé le cadavre donna le mot de Mak-Benach à celui qui était à sa droite pour le faire ensuite passer de maîtres en maîtres ; et depuis l'usage s'en est continué parmi les maîtres futurs.

Ouvrages à consulter :

O. Wirth : le Livre du Maître.

Le Symbolisme (Mayenne, Laval, rééd. 1966).

Boucher (J.) : la Symbolique maçonnique (Paris, Dervy, 1948).

Mariel (P.) : Rituels des sociétés secrètes (Paris, La Colombe, 1961).

 

Sources :
Histoire des Personnages Mystérieux & Des Sociétés Secrètes - Sous la direction de Louis Pauwels
Dictionnaire des Sociétés Secrètes en Occident - Sous la direction de Pierre Mariel
Dictionnaire pratique des Sciences Occultes – Marianne Verneuil