5. — Directions philosophiques et religieuses

 

Sur la base des faits que nous avons rangés dans les classes précédentes, les grands esprits et les grands cœurs ont édifié des spéculations immenses et des fois variées. Cela a donné lieu à toute une partie spéciale de « occultisme », qu'on pourrait difficilement ranger avec les autres.

Dans l'ordre spéculatif par exemple, il faut mentionner toutes les études et systèmes reposant sur la symbolique qualitative (mythologies, etc...) ou la symbolique numérale. Ces ensembles sont des mines inépuisables, auxquelles s'est mêlé tout le fatras des superstitions et du lyrisme. A cause de cela, la mythologie s'est sottement compliquée de mille personnifications tard-venues et qui n'ont rien à faire avec les mythes. A cause de cela les éléments précieux de la Kabbale ont été noyés dans la gangue de la fantaisie. Mais tout cela n'a d'importance qu'à la mesure du temps à perdre pour s'y retrouver.

Ce que l'occultisme éclairé peut savoir du Tarot, et dont on ne trouve l'écho dans aucun livre consacré à leur étude, mérite qu'on y consacre un peu de temps. La philosophie qui se dégage du symbolisme astrologique vaut qu'on pardonne au lyrisme et à l'imbécillité les nuages de crasse derrière lesquels ils l'ont cachée. La Connaissance que représente le patrimoine des mages exige qu'on pardonne à tous les noircisseurs de papier les caricatures sous lesquelles ils ont involontairement dissimulé des trésors qu'ils n'ont pas vus.

Dans l'ordre de la foi, il y aurait à citer toutes les religions, car toutes, hormis le bouddhisme, reposent sur une base occulte. Il est à peine besoin de rappeler la part magique importante qu'on retrouve dans, tous les rites, rites catholiques compris. Nous voudrions seulement mentionner la position toute particulière du spiritisme, religion fondée sur les faits qu'étudie la métapsychique, mais qui leur attribue une interprétation que prouve une foi solide et gratuite. Cela n'ôte rien de sa valeur humaine puisque la gratuité logique est inhérente à un certain étage de la foi, et qu'en fin de compte, une religion n'a pas à être jugée, sinon par ses effets.

La direction philosophico-religieuse représente le plan synthétique du domaine « occulte ». Elle peut s'exprimer sous une forme particulariste, et la plupart des religions sont des particularismes. Elle peut aussi revêtir une forme universaliste et, à ce titre, on peut dire que généralement les systèmes philosophico-religieux assumant en pleine conscience la substance de « occultisme » sont à la fois équivalents, amples et tolérants.

Dans la mesure où une œuvre étendue, comme l'est une encyclopédie, suppose nécessairement une position philosophique, nous nous plaisons à reconnaître que celle de Marianne Verneuil ne pèche ni par son étroitesse, ni par son intolérance, ni par défaut d'assumation. Parfaitement chrétienne dans le respect de l'Esprit, l'auteur s'élève volontiers contre tout ce qui peut ternir l'honnêteté de l'ésotérisme et de l'exotérisme christique. Nous savons pour en avoir longuement discuté que la position adoptée sera à la fois fondée, féconde et puissante, qu'elle n'exclura aucune tolérance ni aucune exigence, qu'elle représentera une des formes philosophico-religieuses les plus congrues pour notre temps et notre taux d'évolution.

 

Suite ⇒ Chapitre IV. - Place de l’Occultisme