L' évolution désigne le fait général selon lequel l'univers va toujours d'un état moins parfait à un état plus parfait. Pour comprendre ce fait, il faut le voir à la lumière des principes suivants :

1°) Pour un peu de progrès, il faut beaucoup de déchet (c'est le principe du gâchis de la nature) ; ce qu'on a symbolisé en opposant des forces d'évolution à des forces d'involution.

2°) La nature procède par rythmes ; de sorte qu'a chaque perfectionnement, on observe une décadence et apparemment, tout revient en arrière. Mais le progrès se manifeste à nouveau, en un nouveau cycle ; ce qui fait classiquement comparer l'évolution à une spirale.

3°) Ce ne sont pas les éléments qui ont assumé un cycle, qui assument le suivant :le progrès germe et se développe ailleurs. Ainsi, une civilisation fleurit et disparait ; la suivante réinvente tout et monte un peu plus haut que la précédente. Sur le schéma spiral, ce principe se traduit par le fait que la spire suivante fait encore une fois le même chemin que la précédente, mais ne part pas du même point.

En vertu de telles complexités, l'appréciation d'un progrès est chose difficile. Il faut, pour se mêler d'en juger, avoir un esprit de synthèse et une envergure hors du commun. Fort heureusement, l'histoire apporte des éléments d'appréciation à une échelle qui nous dépasse (la pensée et la civilisation ont évolué depuis l'âge de pierre, c'est un fait), sans quoi les pessimistes arriveraient facilement à démontrer que le monde évolue régressivement.

Dans le domaine psychologique, on parle du degré d'évolution d'un être. Cela ne se réfère ni à sa santé, ni à sa prospérité, ni à son intelligence, ni à sa culture — mais au fait qu'il a atteint tel plan d'existence. Ces plans sont, après le plan matériel et le plan vital, le plan psychique, le plan affectif, le plan mental, le plan intuitif, le plan causal, le plan de la buddhi.

Mais les voies de passage d'un plan à l'autre ou à travers un autre sont multiples, et le degré d'évolution ne peut être évalué que par une personne siégeant très haute par rapport à l'être jugé. Il faut tenir compte notamment aussi de la qualité de l'évolution. Un être peut avoir une vie intuitive ample et une intelligence vaste, mais ne pas avoir liquidé les problèmes du plan affectif, et se trouver de ce fait très loin du taux qu'on lui accorderait si l'on ne prenait ce fait en considération. Outre le taux d'évolution — et parmi les facteurs qui lui donnent une qualité, il faut donc faire intervenir au premier plan la consciencialisation des plans sous-jacents, et l'homogénéité du personnage.