Dialis-Flamen, (D'après Fr. Noël).
Prêtre de Jupiter à Rome.
Il tenait le premier rang parmi les prêtres, et ne cédait dans les festins qu'au grand pontife et au roi des sacrifices. Il avait la chaise d'ivoire, la robe royale, l'anneau d'or, le droit de se faire précéder par un licteur et, en certaines occasions, celui d'ôter les chaînes aux condamnés, et d'empêcher qu'on ne les battît de verges lorsqu'ils se trouvaient par hasard sur son passage. C'était toujours de sa maison qu'on apportait le feu pour les sacrifices. C'était lui qui bénissait les armées, et faisait les conjurations et les dévouements contre les ennemis.

Son bonnet était surmonté d'une petite branche d'olivier pour marquer qu'il portait la paix partout où il allait ; mais il était soumis à des lois bizarres qui le distinguaient des autres prêtres. « Aulu-Gelle » nous les a conservées :
1°) Il lui était défendu, d’aller à cheval.
2°) De voir une armée hors de la ville ou une armée rangée en bataille : c'est pour cette raison qu'il n'était jamais élu consul au temps où les consuls commandaient les armées.
3°) Il ne lui était jamais permis de jurer.
4°) Il ne pouvait se servir que d'une sorte d'anneau, percé d'une certaine manière.
5°) Il n'était permis à personne d'emporter du feu de la maison de ce flamine, hors le feu sacré.
6°) Si quelque homme lié ou garrotté entrait dans sa maison, il fallait d'abord lui ôter les liens, le faire monter par la cour intérieure de la maison et le jeter dans la rue.
7°) Il ne pouvait avoir aucun nœud, ni à son bonnet sacerdotal, ni à sa ceinture, ni autre part.
8°) Si quelqu'un qu'on menait fouetter se jetait à ses pieds pour lui demander grâce, c'eût été un crime de le fouetter ce jour-là.
9°) Il n'était permis qu'à un homme libre de couper les cheveux à ce flamine.
10°) Il ne lui était pas permis de toucher une chèvre, ni chair crue, ni lierre, ni fève, ni même de proférer le nom d'aucune de ces choses.
11°) Il lui était défendu de couper les branches de vigne qui s'élevaient trop haut.
12°) Les pieds du lit où il couchait devaient être enduits d'une boue liquide ; il ne pouvait coucher dans un autre lit trois nuits de suite, et il n'était permis à aucun autre de coucher dans ce lit, au pied duquel il ne fallait mettre aucun coffre avec un tas de hardes ou de fer.
13°) Ce qu'on coupait de ses ongles ou de ses cheveux devait être enterré sous un chêne vert.
14°) Tout était jour de fête pour les Dialis-Flamen. Il ne lui était pas permis de sortir à l'air sans son bonnet sacerdotal ; il pouvait le quitter dans sa maison pour sa commodité ; cela lui avait été accordé depuis peu, dit Sabinus, par des pontifes qui lui avaient encore fait grâce sur d'autres points, et l'avaient dispensé de quelques autres cérémonies.
15°) Il ne lui était pas permis de toucher de la farine levée.
16°) Il ne pouvait ôter sa tunique intérieure qu'en un lieu couvert, de peur qu'il ne parût nu sous le ciel, et comme sous les yeux de Jupiter.
17°) Dans les festins, personne n'avait séance devant le Flamen-Dialis, sinon le roi sacrificateur.
18°) Si sa femme venait à mourir, il perdait sa dignité de flamine.
19°) Il ne pouvait faire divorce avec sa femme ; il n'y avait que la mort qui les séparât.
20°) Il lui était défendu d'entrer dans un lieu où il y eût un bûcher à brûler les morts.
21°) Il ne lui était pas permis de toucher un mort ; il pouvait pourtant assister à un convoi.

Nous avons tenu à citer in extenso ce curieux document parce qu'il est un exemple à la fois de l'homogénéité et de l'hétérogénéité d'un rituel. De toute évidence, celui-ci procède pour une grande partie du symbolisme de Jupiter-Pureté-Paix-Sérénité, et il est intéressant de saisir la filiation analogique de ce symbolisme avec celui du nœud, de la viande crue, du levain, etc...

Par ailleurs, l'interdiction de coucher plus de trois jours consécutifs dans un autre lit que le sien, etc..., représente des apports quasi-administratifs, l'interdiction à un esclave de couper les cheveux du flamine procède en partie du symbolisme des cheveux, etc... C'est donc une occasion de saisir sur le vif le travail critique qui s'impose à l'occultiste lorsque de la Tradition, de la Légende ou même de l'Histoire, il veut remonter à la valeur initiale des filiations symboliques.