— Double — Chez les Égyptiens, on distinguait fondamentalement le Ba et le Ka. Le Ba, corps terrestre, était iconographiquement représenté par un épervier à tête humaine. Le double, le Ka, habitait le tombeau et: vivait des offrandes (d'ailleurs le plus souvent fictives, c'est-à-dire figurées) ; il était lui-même voué à une vie magique, et avait exactement la même forme que le corps. C'était le double.

La destruction du Ba entraînait celle du Ka et dispersait ainsi la personnalité — d'où l'extrême vigilance avec laquelle on protégeait physiquement et magiquement les momies. Il existait par ailleurs des statues qu'on substituait ou superposait à la momie et qui pouvaient servir de support au Ka. Elles devaient subir l'opération magique du Sa.

Dans toutes les religions — où le double et l'âme sont souvent confondus — on pratiquait au moment de la mort des rites aidant à son «dégagement»  (voir âme ). L'iconographie a popularisé la notion de l'âme quittant le corps sous la forme d'un oiseau blanc, etc... Ce qui permet de faire la distinction propice. En effet, le double se dégage du corps, mais lentement, et y adhère encore par un prolongement fluidique aussi longtemps que les organes vivent.

De cela, nous avons une notion expérimentale, mais dès que la mort se produit, on ne sait pas avec précision si le prolongement fluidique devient extrêmement ténu et disparaît progressivement, laissant le corps fluidique libre de toute attache après un certain temps — ou si, au contraire, la mort du corps entraîne le dégagement brusque.
La métapsychique opine pour la première hypothèse. La grande difficulté de cette étude réside en ce qu'il est difficile, quoi qu'on en pense, de fixer avec précision le moment de la mort.

Quant au double en soi — et en mettant par conséquent de côté le problème de sa survie au moins provisoirement — ce que l'on sait nous est fourni par la Tradition, par l'Histoire et par l'expérience. La Tradition rapporte une multitude d'histoires légendaires dans lesquelles les héros (en Orient surtout) quittent leur corps et le réintègrent.

Ces choses sont décrites en tout cas de telle façon que si les auteurs ou adaptateurs n'ont pas copié les uns sur les autres, le processus reste fidèle à lui-même dans les différents récits. L'histoire, de son côté, nous fournit une quantité de récits analogues. Sans parler du cas de Lazare, qui a été donné pour un dédoublement imprudent ayant failli mal finir, les récits, que la petite histoire nous fournit, décrivent ce que la métapsychique nous montre aujourd'hui.

Les histoires de voyage glanent aussi en pays étrangers des faits qui sont du même ordre. La civilisation mexicaine ancienne, si isolée de toutes les autres, a une conception analogue à la nôtre du dédoublement. Au Thibet, tous les voyageurs ont rapporté avoir assisté à des dédoublements, et vu les corps fluidiques de projection (ce qui est un peu différent) ; ils ont décrit aussi l'aventure de ceux qui ont exploré le domaine de la mort. Il s'agit de gens qui, sous une influence quelconque ou sans cause connue, sont tombés en état de mort apparente. A leur retour, ils racontent avoir visité des contrées étranges, qui sont soit des enfers, soit des pays de rêve, soit des sites ressemblant en tout point à ceux qu'ils connaissent.

Ces variations mises à part, tous reconnaissent invariablement :
1°) Qu'ils avaient, dans cet état, une impression de légèreté et d'immatérialité extraordinaires.
2°) Qu'ils se déplaçaient aussi vite que la pensée.
3°) Qu'ils restaient reliés à leur corps par un filament immatériel en apparence, mais élastique et qu'ils ne pouvaient pas rompre.

Dans les expériences de métapsychique, on sait que le double est décrit comme corps astral (voir ce mot) et que sa description et celle de ses propriétés visibles corroborent en tout point les récits dont nous venons de parler.
On sait qu'une technique relativement simple permet d'obtenir le
dédoublement (voir ce mot) ; mais il faut bien distinguer le dédoublement proprement dit, dans lequel le corps fluidique se trouve effectivement et visiblement dans un autre lieu — du dédoublement subjectif, dans lequel un phénomène de voyance donne l'illusion au sujet qu'il est effectivement ailleurs.