Le Chien est l'animal consacré à Mercure, comme au plus vigilant et au plus rusé des dieux.
La chair des chiens était considérée comme si pure qu'on l'offrait en sacrifice aux dieux et qu'on la servait aux repas des dieux.
En Égypte, ils étaient en grand honneur.
On gardait un chien dans le temple d'Esculape à Rome, mais les Romains en crucifiaient un tous les ans, en punition de ce que les chiens ne les avaient pas avertis de l'arrivée des Gaulois.
En Éthiopie, les habitants avaient un chien pour roi.
Au temple consacré à Vulcain, sur le mont Etna, il y eut des chiens sacrés.
Les Parsis avaient une espèce de vénération pour les chiens et l'on rapporte que lorsqu'un mourant était à ses derniers moments, on appliquait la gueule d'un chien sur la bouche du mourant de manière que l'animal recueille l'âme de l'homme avec son dernier soupir. Lors de la mise au sépulcre, on approchait un chien le plus près possible du défunt, pour que celui-ci connaisse la félicité. Si le chien montait sur le défunt et lui arrachait un morceau de pain dans la bouche, on considérait son bonheur comme assuré.
Teutatès pour les Germains (et Thot pour les Égyptiens) était le Dieu suprême, présidant aux batailles, au commerce, à l'éloquence ; on le représentait sous la figure d'un homme à tête de chien. Cerbère, le chien gardien des enfers, caressait ceux qui y entraient et dévorait ceux qui tentaient d'en sortir. On le représentait avec trois têtes et le cou hérissé de serpents. Hésiode lui donne cinquante têtes ; Horace, cent ; ses dents noires et tranchantes pénétraient jusqu'à la moelle des os.
Lorsque Hercule, conduit par Mercure, vainqueur de Cerbère, l'enchaîna tout écumant de rage et l'entraîna hors du trône de Pluton, Cerbère répandit cette écume sur toute la région, l'herbe devint vénéneuse et propice aux opérations théurgiques.
Plus tôt, Cerbère fut endormi au son de la lyre d'Orphée, quand celui-ci vint chercher Eurydice aux enfers ; la sibylle l'endormit aussi avec une pâte de miel et de pavots. Rappelons enfin que Diane, dans la mythologie gréco-latine, avait, sous l'un de ses trois aspects (Proserpine), une tête de chien.
De ces éléments disparates, on peut retenir que le chien modelé par l'homme à son usage (le chien résulte de croisements dirigés du loup et du renard jusqu'au type mâtin, qui est à l'origine de toutes les races ; abandonné à la vie sauvage, le chien retourne en quelques générations à l'une des deux espèces dont il est issu) est l'objet sur lequel il a projeté séparément plusieurs aspects de lui-même.
Cerbère est le gardien du seuil inférieur ; en termes de psychanalyse, il représente le potentiel acquisitif et défensif du moi inconscient. Le pavot l'endort parce que le sommeil est une des voies de libération de l'égo vers la participation dans le rêve. A l'état de veille, l'art (la lyre) peut l'anesthésier et provoquer une sortie du moi. Pour le reste, il laisse entrer, mais ne pas ressortir.
A un autre étage, il est une projection de l'animique, d'où son intervention dans les rites funéraires ; d'où aussi le fait que les sépultures royales comportent un chien sous les pieds (le principe de gouvernement est de dominer l'animique), encore que ce symbole ne soit adultéré par l'interprétation du chien comme emblème de fidélité.
Enfin, dans la mesure où le chien est une création de l'homme (les autres animaux ont été créés par Dieu et seulement nommés par Adam selon la Genèse biblique par exemple), il est le témoignage du pouvoir divin de l'homme et a été, de ce fait et par projection, divinisé.
Qu'il soit divinisé ou considéré comme Attribut du Dieu créateur (Mercure, lame I du Tarot), il était inévitable que l'homme projetât enfin par ambivalence le symbole du chien dans le domaine maudit ; il devient l'image de l'ennemi de Dieu (les chiens de chrétiens, pour les Musulmans), un Démon (Cerbère, etc.), l'image de l'immoralité (Cunis, cynisme), ou le compagnon du Diable (le chien jaune de Méphistophélès). C'est à l'un de ces derniers titres que le chien est utilisé dans des rites variés de magie noire.