Le Baphomet est une idole que vénéraient les Templiers en marge de leur adoration pour les dieux chrétiens qui était profonde et peu suspecte. Nul commentateur du procès des Templiers, qui pourtant en suscita beaucoup, ne semble avoir pu définir l'origine de cette idole. C'était une tête humaine dont les yeux étaient deux escarboucles, brillantes comme le feu, il avait un crâne humain et une peau humaine, et portait une longue barbe blanche.
Si l'on en croit l'historien Henri Martin, certaines de ces idoles étaient à trois faces et montées sur quatre pieds. Au cours du célèbre procès, et pendant toute l'instruction, on entretint autour du Baphomet et du Temple une confusion telle qu'il est assez difficile de savoir quel était le culte correspondant à l'idole et par conséquent quelle était sa signification.
Sous l'instigation de tous ceux que l'immense fortune des Templiers incommodait, on accusa ces moines d'évoquer les démons, de se livrer à la sorcellerie et aux plus infâmes débauches ; le culte de l'idole comportait un serment secret, les contraignant à cracher sur le crucifix et à se livrer à la sodomie.
On fit avouer sous la torture à trois commandeurs de l'ordre du Temple qu'à un chapitre tenu la nuit à Montpellier, le diable était apparu sous la figure d'un chat, qu'il avait parlé avec bienveillance aux assistants, que plusieurs démons étaient apparus ensuite sous forme de femmes à raison d'une par frère, mais que ceux-ci avaient eu avec elles des rapports anormaux.
On imagine mal qu'une idole puisse comporter un culte aussi extraordinaire et que ce culte soit partagé par des milliers d'hommes dont cinq cent soixante-dix au moins, très fervents, puisque Philippe le Bel les condamna à mort.
Il faut dire que quand Philippe le Bel et son complice Clément V eurent confisqué les quelque vingt mille manoirs, forteresses et propriétés appartenant à l'Ordre, et brûlé à petit feu (c'est-à-dire d'abord les pieds, puis les jambes, puis les cuisses, etc...) des centaines d'innocents, on cessa de s'intéresser au Baphomet dont la mission politique était terminée.