Aux articles Eau, Eau Lustrale, nous avons vu que l'eau a une fonction purificatrice — complémentaire de ses fonctions fécondation et force cachée (mer, étang, fleuve). Dans la tradition rabbinique, et pour les Juifs modernes, l'ablution rituelle a lieu au lever et avant le repas. Elle consiste à se mouiller les mains et le visage le matin, les mains seules avant le repas. Il est prescrit de ne pas jeter à terre l'eau qui a servi, de peur que quelqu'un ne se souille à son contact. Il ne s'agit aucunement d'une prescription d'hygiène.

Le Roi du Tonkin se baignait solennellement en rivière, suivi de tous ses courtisans, le dernier jour de l'année ; alors qu'au Siam, la cérémonie était populaire et générale le premier jour de la pleine lune du cinquième mois de l'année.

Aux Indes, on sait quelle place tient le bain rituel dans le Gange. Ceux qui habitent loin se procurent de l'eau du fleuve et en mouillent la terre sur une longueur correspondant à leur stature, après quoi ils s'étendent au sol à même l'endroit mouillé et récitent les prières rituelles.

Dans les civilisations primitives, on retrouve sous d'autres formes le même culte de l'eau purificatrice. Les Talapoins lavent leurs idoles, à l'exception de la tête, après quoi ils lavent leurs prêtres et, dans leur famille, se lavent entre eux. Certains africains de la côte de Guinée se lavent tous les matins en l'honneur de leurs fétiches.

En un mot, et sans allonger cette liste, et sans parler de l'Aspersion, du Lavabo et du Baptême, on voit que l'ablution procède d'une acception quasi universelle. Le retour des impuretés, des fautes, du Mal par le canal de l'eau correspond à une remise en circulation de ce mal dans le courant universel. C'est une forme du « retour à la terre » des électriciens.

Il est bon de noter qu'il est universellement et expérimentalement constaté chez les psychistes, quelle que soit leur spécialité, que l'eau débarrasse des « fluides ». C'est-à-dire que la manœuvre de l'ablution n'est peut-être pas seulement ou purement analogique.