La mythologie assigne aux premiers temps de l'humanité le nom d'âges, qui se sont succédé depuis la création du monde.
Le premier est l'âge d'or auquel succèdent l'âge d'argent, l'âge d'airain et l'âge de fer. (Voir ces mots .) Cette série commence par l'âge d'or ou règne de Saturne, âge heureux à tous les points de vue.
C'est le mythe de l'enfance heureuse, tel qu'il existe dans la pensée populaire en ce qui concerne les enfants, tel que l'humanité en projette le mythe dans les temps reculés. Le Paradis terrestre des Chrétiens procède du même mécanisme psychosociologique.
Le mythe de l'enfance heureuse correspond à l'état de béatitude de ce qui se trouve avant le temps ou en dehors du temps — c'est-à-dire l'enfance d'avant le souvenir, la jouissance sexuelle, la béatitude mystique et la mort. Tout comme dans la destinée individuelle, il est dans le destin des peuples de ne pas pouvoir rester en dehors du temps et le retour au temporel engendre les problèmes moraux et le rachat nécessaire par les sacrifices avant d'en revenir à l'aisance sans angoisse.
Le mythe de l'âge d'or n'est donc pas seulement une fable, mais correspond au cadre psychologique normal de la pensée humaine.
Par ailleurs, il se trouve que la succession des âges correspond aussi à une réalité historique, à une tout autre échelle d'ailleurs. L'or, l'argent, l'airain et le fer — auquel on ajoute, selon d'autres mythologies, l'argile et divers métaux — correspond à la succession des civilisations et des empires. Telle est l'interprétation du Colosse dont parle Dante dans son Enfer, et de tels Dragons fondus de plusieurs métaux, de la légende chinoise.