L'ail était considéré comme une plante sacrée par les Égyptiens, qui en faisaient une divinité. En Grèce, au contraire, l'entrée du temple de la Mère des Dieux était interdite à celui qui en avait mangé.

Rabelais, incidemment, attribue à une botte d'aulx située derrière une porte manœuvrée par aimantation, le pouvoir de contrecarrer les effets de l'aimant. Ce rôle antidotique de l'attraction universelle n'est pas venu sous sa plume d'une façon gratuite. On sait que l'ail tue les parasites et aide à l'élimination des auto-toxines, ce qui en fait le médicament de certaines hypertensions.

Ces très diverses propriétés procèdent de ce que l'ail a à la fois les qualités d'un antibiotique et d'un purificateur. Aussi est-il généralement proscrit dans les cultes aux déesses fécondes et prôné dans les cultes aux Dieux : il ouvre les portes mais en rompant le cycle naturel et peut être considéré à cet égard comme agent de la mutation non continue.

Les traditions populaires ont souvent conservé le souvenir de ces deux sens ; la science elle-même a souvent couvert un peu légèrement le préjugé, comme lorsque les accoucheurs interdisent l'ail pendant l'allaitement. (Si ce prétexte était valable, comme le remarque un accoucheur de Paris, il y a beau temps que le Midi serait dépeuplé !)