On appelle apparition tout spectre, corps astral, formation aithérique émanant de quelqu'un (mort ou vivant) et conservant une forme humaine. Par extension, on donne aussi quelquefois le nom d'apparition à toute vision. En bien des endroits (notamment en Afrique et en Orient), les songes, lorsqu'ils concernent des personnes connues du dormeur, sont considérés comme des apparitions.

Jamblique (Rome) considère le phénomène des apparitions comme défini et classé. « Les apparitions des Dieux, dit-il, sont semblables à leur essence, puissance et opérations : ils se montrent toujours tels qu'ils sont, ils ont leurs signes propres, leurs caractères et leurs mouvements distinctifs, leurs formes fantastiques particulières, et le fantôme d'un Dieu n'est pas celui d'un démon, ni le fantôme d'un démon celui d'un ange, ni le fantôme d'un ange celui d'un archange ; et il y a des spectres d'âmes de toutes sortes de caractères : l'aspect des Dieux est consolant ; celui des archanges terrible ; celui des anges, moins sévère ; celui des héros, attrayant ; celui des démons, épouvantable. Il y a dans ces apparitions encore une infinité d'autres variétés relatives au rang de l'être, à son autorité, à son génie, à sa vitesse, à sa lenteur, à sa grandeur, à son cortège, à son influence. »

En termes modernes, il faut sérier les faits pour y apporter un peu de clarté. En premier lieu, il faut distinguer les extériorisations pures ou dédoublements. Un être vivant, volontairement ou involontairement, peut être distinct de son corps astral. Celui-ci peut s'éloigner de lui et apparaître à une personne située à distance. Par ailleurs, il arrive que les entités se matérialisent.

On ne peut pas dire avec certitude que les morts se présentent aux vivants avec une apparence concrète, mais on sait que les vivants peuvent voir apparaître des êtres qui ne sont pas de chair et dont la nature, indéfinissable avec le vocabulaire des sciences courantes, s'explique par une concrétisation d'influx psychiques individuels ou collectifs.

II faut préciser qu'on ne peut inclure dans les apparitions les visions procédant d'un montage psychique suggestif, selon un protocole opératoire de l'ordre de ceux indiqués par Auguste Comte (évoquant Clothilde de Vaux) ou Ignace de Loyola (attention expectante après préparation complexe). Madame David-Neel raconte avoir suscité à l'existence un être fluidique —sans d'ailleurs donner le détail du procédé employé ; dans ce cas, il est certain que la préparation n'a rien de commun avec la méthode ignatienne. Le résultat non plus d'ailleurs, puisque cet être fluidique pouvait être vu par les observateurs extérieurs non prévenus : ce qui n'a pas lieu dans les visions auto-suggérées.

Quant aux apparitions des mystiques, elles peuvent relever soit de la projection mentale involontaire (hallucinations), soit du montage auto-suggestif, soit véritablement de matérialisations d'entités. C'est cette distinction qui fait le fond des recherches aux fins d'authentification, dont ces apparitions font toujours l'objet de la part du clergé compétent. Notons que le caractère collectif d'une apparition ne constitue pas une preuve, ce que tous les clergés savent et dont ils tiennent compte — car l'hallucination et les suggestions collectives sont des faits bien connus et qui n'ont rien de commun avec les apparitions proprement dites.