— Treize — L'interprétation symbolique du treize est difficile en ce sens que les propriétés du nombre lui-même n'ont rien de particulier. C'est un nombre premier — ce en quoi il n'est pas plus remarquable que onze ou dix-sept. Il est la somme de dix et de trois, de deux et de onze, de sept et six..., etc. On peut donc lui appliquer avec conjugaison les symbolismes de ses composants, mais tout cela est bien gratuit.

Sur un terrain purement symbolique, par contre, on peut l'interpréter en fonction de cette considération que le cycle de
douze constitue un tout, un cycle complet (le cycle du Zodiaque). Treize est donc le début d'un nouveau cycle, avec tout l'inconnu que cela comporte.

Le
treizième n'a pas sa place : s'il se présente, c'est que l'un des douze précédents est de trop. D'où les deux sens principaux que ce nombre a pris dans la croyance populaire :

1°) Annonce d'un remaniement par disparition d'un des précédents (treize à table, etc...).

2°) L'inconnu, le nouveau cycle, la chance ou la malchance, la mort et la renaissance (lame XIII du Tarot, le 13 porte-bonheur, etc...).

Mentionnons pour mémoire que les historiens ont cherché à la superstition une origine. Comme la civilisation judéo-chrétienne est, dans l'ensemble, fondée sur la tristesse, on a voulu faire remonter le double sens du treize (le sens heureux et le sens malheureux) à des événements destructeurs : la mort de Flavien, destructeur de Jérusalem, un treize (en l'an 81), et la mort du Christ, le 13 de Nizan.

Outre que cette origine est fausse du point de vue historique, et par surcroît invérifiable notamment parce que tout le monde n'est pas d'accord sur la relativité des calendriers — on peut aussi bien faire de la mort du Christ un événement heureux si cette mort a la signification que le Christ lui-même lui a donnée. C'est le type même de l'interprétation gratuite.