— Médium — Dans l'Antiquité, toutes les civilisations ont eu leurs médiums ; mais le plus souvent, c'était non pas l'esprit, mais un démon qui s'exprimait par leur bouche. Le Thibet, terre d'élection de la culture psychique, a ses médiums hommes et femmes (pao et pamo) qui évoquent les morts. Mais l'évocation n'a pas lieu dans le noir, le calme ni le silence. La séance se passe au contraire en plein air et au milieu d'une agitation folle. Le médium se démène, danse, tremble convulsivement, chante les messages des morts, etc...
Dans la conception occidentale et contemporaine que nous avons du médium, au contraire, il s'agit d'une personne pondérée et attentive à la voix intérieure. Mais — et cette comparaison le montre — cela n'a rien à faire avec ce qui caractérise précisément la médiumnité.

On appelle médium, au sens large, toute personne capable de percevoir, autrement que par les sons, des éléments de connaissance présentant par ailleurs tous les caractères d'une connaissance d'objets ou d'idées réels. Par exemple, on appelle médium la personne qui pourra, sans intervention de sa vue, lire un texte placé dans une pièce contiguë à celle qu'elle occupe. Les facultés médiumniques sont donc apparentées aux dons de voyance. Dans un sens plus restreint, et d'ailleurs plus conforme à l'étymologie, les spirites appellent médium une personne servant
 d'intermédiaire entre un « esprit » ayant un message à formuler, et l'auditoire.

La métapsychique semble accorder à la chose le sens plus neutre et d'application plus générale de personne pouvant, par ses facultés spéciales, servir de révélateur-détecteur pour tout ce qui ne ressortit pas à la connaissance normale par la sensation. En fin de compte, il faut considérer la médiumnité comme une forme particulière de voyance, forme dans laquelle le sujet ajoute souvent la faculté de capter et de révéler des messages de source expérimentalement et objectivement inconnue.

Par exemple, tel médium peut dire, en touchant mon stylographe, qui je suis, qui je vois, ce que je fais quotidiennement. Ses dons de voyance sont alors analogues à ceux du psychomètre. Il peut, dans une autre expérience, me dire ce que fait mon père au moment même. Il peut enfin, dans un troisième type d'expérience, capter pour moi un message, qu'il dit tenir d'un esprit, ou d'un mort, ou d'un démon, ou d'un Dieu, et me dire des choses sur lesquelles je n'ai aucune idée, et qui se révèlent justes à la vérification.

L'état de médiumnité n'est pas caractérisé par le fait de fermer les yeux et de prendre un air inspiré — puisque certains médiums s'agitent et gesticulent. Il n'est pas non plus caractérisé par l'état de transe, puisque les médiums les plus sérieux opèrent sans préparation et tout en parlant avec l'entourage. Pour certains, l'état de
 transe est indispensable (voir ce mot) ; mais beaucoup baptisent de ce nom un état qui est de simple retrait (au sens où l'on entend ce mot dans le vocabulaire des écoles de culture intérieure) ou même quelquefois de simple relaxation. La nature du phénomène est définissable comme la voyance (voir ce mot) ; elle ne met la personnalité en jeu que pour une très faible part, et se montre tout à fait indépendante de la culture comme de l'évolution spirituelle (le plus souvent assez précaires l'une et l'autre).

Le mode de traduction-révélation varie avec les sujets : certains dessinent sous dictée. Le mode de captation varie également : la plupart des médiums entendent, d'autres voient, Mais tous restent d'accord du fait qu'ils n'entendent pas « comme si c'était par les oreilles » et ne voient pas « comme si c'était avec les yeux ». A la limite, on voit aussi des hallucinés médiums, qui perçoivent réellement des images superposées à la réalité. C'est au mécanisme et à la structure du voyant qu'il faut se référer pour comprendre les caractéristiques de la médiumnité.