Selon la Tradition védique, le cercle magique était composé en fait de plusieurs enceintes, la première ayant quatre portes ouvertes aux quatre points cardinaux. Trois autels y étaient placés, et réunis par un trait en forme de serpent. Il s'agissait là d'un office purement religieux et non d'une pratique magique.

En magie, par contre, les cercles de protection sont ceux que le mage (ou le sorcier) trace réellement ou virtuellement avec sa baguette. Cette pratique est accompagnée d'un rite incantatoire et a pour but la protection de l'opérateur. Les entités ou démons ne peuvent en effet franchir ce cercle — à l'exception de l'invité ; mais l'entité ou le démon ainsi invité, dès qu'il a franchi le cercle magique, est à la merci de celui qui l'a tracé.

Nous avons vu déjà en maintes occasions que cette conception anthropomorphique de la magie faisait toujours plus ou moins le fond des religions à Dieux personnels. Aussi voit-on toutes les formes de passage et toutes les formes mixtes entre les deux types ci-dessus décrits. Notamment, dans les cérémonies magiques de l'Inde primitive, voit-on que la présence du brahmane est indispensable. Lui seul sait comment réparer les erreurs rituelles de l'opérateur et intervient toutes les fois qu'une faute a été commise.

Mais l'idée de séparer le sacré du profane par un cercle ou une ligne: matérielle ou fictive est beaucoup plus répandue qu'on ne le croit. Dans une église, les murs constituent l'enceinte consacrée et leur face interne est seule vouée au respect absolu. Historiquement, on sait que, l'église étant un lieu franc, la délimitation du territoire de Dieu a été précisée ; le rituel de consécration d'une église comporte d'ailleurs toutes les opérations magiques destinées à exorciser ce lieu-là à l'exclusion de ce qui l'entoure. En outre, le chœur constitue un autre cercle, intérieur à l'autre — et la grille qui le: sépare du reste de l'église affecte souvent encore une forme arrondie.

C'est dans le tréfonds de l'inconscient individuel et collectif qu'il faut chercher l'origine de la valeur magique du cercle — et l'on ne peut que renvoyer le lecteur au livre spécialement consacré au symbolisme du cercle (par l'auteur du Symbolisme des Contes de Fées : Mme Loeffler-Delachaux),