La chance est une notion assez extravagante en soi, mais qu'on retrouve derrière nombre de notions apparentées. Non seulement elle porte un nom, mais elle est définie en termes de probabilités (chances simples, etc...) en termes de théologie (grâce, prédestination), en termes d'astrologie, etc.

En Astrologie, la chance échoit à ceux qui ont des dominantes planétaires dans lesquelles le Soleil, Jupiter, Vénus et la Lune figurent en bonne place — ou, pour d'autres auteurs, Mercure-Soleil en bon aspect et dans de bons signes. Mais ces règles générales ne veulent rigoureusement rien dire pour la raison suivante : la chance, pour un grand financier, correspond à des occurrences d'affaires et la Deuxième Maison joue un rôle primordial avec Mercure et le Soleil. La chance d'un grand politique administrateur sera liée à tout ce qui concerne Jupiter. La chance d'une grande courtisane — ou, ce qui revient au même, de la femme qui fait une suite de mariages brillants — relève des chances de Vénus alliées à une acquisivité sordide, ce qui correspond à un symbolisme tout différent.

Quant à la chance en soi — aptitude (à gagner au jeu ou prédisposition (?) aux rencontres heureuses — il ne faut pas y croire.
Il y a des individus instinctivement organisés d'une manière efficace, d'autres, au contraire, dont les instincts et inclinaisons sont barrés par des inhibitions diverses. Entre les gens à qui tout arrive de ce qu'ils désirent et ceux à qui rien n'arrive que de mauvais, il y a une différence sur le plan de l'aisance par rapport aux articulations réelles de l'univers.

Que les « barrés » ne soient pas
responsables de tous les malheurs qui semblent les frapper, cela ne fait aucun doute dans la plupart des cas ; mais d'un point de vue positif, c'est tout de même par eux qu'il faut expliquer leurs échecs.
Qu'ils soient nés ainsi peut sembler une injustice du sort et la notion religieuse de la grâce, qui est donnée ou non au départ, règle la question sans ambages.

On y verrait beaucoup plus clair dans cette question si l'on prenait pour terme de comparaison le cheval de trait, qui mène une existence pénible et morne, et le chat domestique, qui semble ne tirer de la vie que des avantages ; il est clair que l'ordonnance universelle exige qu'il existe l'un et l'autre, et que le cheval de trait nous paraîtrait rigoureusement ridicule s'il passait sa vie à se lamenter de ne pas être un chat. Les malchanceux sont des animaux du même ordre — avec cette différence à leur désavantage qu'ils ont dans la tête plus de moyens que n'en a le cheval d'acquérir l'aisance (voir au mot Destin).