Le Crapaud  est l'animal dédié à Saturne et qui, d'autre part, est considéré comme l'auxiliaire des sorcières se rendant au sabbat. Elles les revêtaient d'une cape de velours vert et de soie écarlate et suspendaient à leur cou une clochette (voir au mot Sabbat).

La poudre de crapaud entrait dans la composition de divers philtres destinés à l'ensorcellement. Mais la pierre dite crapaudine, que les grimoires prétendaient se trouver dans la tête des crapauds, était l'antidote puissant contre ces mêmes maléfices ; on prétendait qu'elle changeait de couleur et suait si elle était proche d'un gobelet contenant du poison.

Les crapauds entrent dans les philtres à deux titres forts différents. D'une part, les sorcières bourraient des crapauds de poudres et d'herbes extrêmement toxiques (produits arsenicaux, datura, etc...). Ces crapauds ultérieurement desséchés conservaient, bien entendu, les propriétés des alcaloïdes et toxiques employés. Dans ce procédé, le crapaud ne servait que de support magique.

La célèbre Toffana, l'un des deux poisons des Borgia, était également préparée à partir d'un crapaud, mais alors que «’éponge à poison » des sorcières contenait toutes sortes de toxiques, celui qui servait à la fabrication de la Toffana n'était gavé que de digitale, de ciguë et d'amanite. Puis on le tracassait jusqu'à ce qu'il mourût d'épuisement, on distillait le corps de l'animal de manière à obtenir le redoutable poison qui, avec les moyens du temps, ne pouvait absolument pas être décelé. Bien pis, les récipients préparés au crapaud gardaient, malgré les lavages, des vertus mortelles et ne les perdaient que par le feu.

En second lieu, la sorcellerie des campagnes utilise encore de nos jours le crapaud en nature. L'animal est enfermé avec différents objets servant de support d'envoûtement ou bien il est transféré avec l'un d'eux, et sert notamment, en vertu de ses propriétés saturniennes, à nouer
l'aiguillette (voir ce mot).

A noter que, dans la même sorcellerie des campagnes, le crapaud joué aussi un rôle protecteur. Lorsqu'on garde un tel animal dans sa poche, on échappe non seulement à certains sortilèges, mais même à la suggestion hypnotique quelle que soit la force de l'hypnotiseur.

Enfin, le crapaud lui-même peut servir de support d'envoûtement ou d'intermédiaire dans cette opération. On cite notamment de nombreux cas dans lesquels l'effet de charme manifeste (maladies, impuissance, obsession) aurait été brusquement interrompu à partir du moment où on aurait libéré le crapaud de l'endroit où l'avait caché le jeteur de sorts.

Dans deux cas précis qui nous ont été rapportés, la cachette du crapaud avait été découverte par un sorcier amateur appelé par des proches (une fois dans une cave à vin, une autre fois sous un perron), et l'amélioration de l'état de la victime aurait été aussi net que subit ; encore que l'intéressé n'ait pas été au courant de la manœuvre de dégagement.

Nous n'avons pas d'opinion personnelle. Il semble en tout cas que le rôle du crapaud — comme en d'autres cas celui de la chauve-souris —soit accidentel.