— Jugement de Dieu — Nom donné à un système d'épreuves destinées à établir la culpabilité ou l'innocence d'un inculpé. Les épreuves étaient réparties en cinq catégories principales, avec des variantes nombreuses :

1°) Le duel.

2°) L'épreuve par la croix.

3°) L'épreuve par l'eau froide.

4°) L'épreuve par l'eau bouillante (ou l'huile bouillante).

5°) L'épreuve par le fer rouge. Ces épreuves judiciaires revêtaient dans le détail des formes extrêmement variées : la fille de Richard II, accusée de contacts impurs avec l'évêque Alwin, dut marcher sur un chemin fait de socs de charrues portés au rouge.
Ne portant aucune trace de brûlures, elle fut acquittée ; d'autres devaient prendre à pleines mains et transporter pendant un nombre de pas donnés, une barre de fer rouge, ou traverser un chemin dans un brasier, ou mettre sa main dans un gantelet chauffé à blanc, ou plonger la main dans l'eau bouillante pour y prendre un objet ; le jugement était porté devant l'examen des brûlures pratiqué deux ou trois jours plus tard.

Il n'y avait d'innocence que si l'inculpé, au bout de ce temps, ne portait aucune trace visible. Pour juger de la culpabilité d'un criminel, on le confrontait avec le cadavre, qui devait manifester d'une façon quelconque en sa présence.
Les hérétiques étaient soumis à des épreuves qui permettaient de les condamner au bûcher à tous coups (voir Cléidomancie, Libanomancie).

Dans ce genre de choses, on soupçonne fort les juges d'avoir souvent choisi les épreuves de telle façon que la culpabilité ou l'innocence d'un accusé éclate selon leurs prévisions. Notamment, il semble que certains produits, dont on pouvait enduire la peau, facilitait les choses dans certains cas. Mais en dehors des causes politiques, le peuple exigeait souvent un contrôle rigoureux ; certaines juridictions, comme celle, très expéditive, de Savonarole, ne plaisantaient pas.

Dans ces conditions, on est surpris qu'il soit arrivé que le jugement de Dieu épargne quelques-uns. On peut expliquer la chose par l'extraordinaire force de suggestion que donne la foi ardente, et qui pouvait alors opérer des guérisons miraculeuses au même titre qu'elle peut provoquer dans d'autres cas l'apparition de stigmates (voir ce mot et aussi l'article Suggestion).