L' araignée, à cause de sa forme tentaculaire, a toujours joué un rôle important dans les croyances populaires. Les Anciens considéraient comme un présage funeste le fait qu'une araignée tisse sa toile sur la statue des Dieux ou sur les enseignes militaires.

De nos jours, la superstition s'est diversifiée, mais demeure universelle : on dit en Allemagne : « Spinne am Morgen, bringt Laide und Sorgen », etc... comme on dit en France : « Araignée du matin, chagrin... du soir, espoir ». L'universalité de ce dicton procède d'un fait naturel, à savoir que l'araignée est (avec la pieuvre et le chat) la forme habituelle d'objectivation de l'angoisse.

L'araignée du matin est l'angoisse matinale (symptôme de neurasthénie ou, en tout cas, d'asthénie).

L'araignée de midi ne saurait être maléfique, parce que la vie est là et le soleil qui la symbolise ; il ne peut s'agir que des rythmes d'inquiétude liés à l'action et au désir.

Le soir était primitivement pris pour l'après-midi, période de repos et de réflexion. L'angoisse ne peut être liée qu'aux actions à entreprendre les jours suivants, c'est-à-dire inhérente aux espoirs. L'heure des repas et des activités s'étant progressivement décalée au cours des temps, l'araignée du soir est devenue araignée de l'après-dîner, c'est-à-dire de la nuit.

Pour les besoins de la cause, l'imagination populaire a intercalé « l'araignée du tantôt » qui annonce cadeau (c'est-à-dire quelque chose d'heureux, comme l'araignée de midi, et pour les mêmes raisons).