Le Tarot n'est ni égyptien, ni hindou, ni arabe, ni chinois, ni grec, ni
hébreu, mais essentiellement hyperboréen, le legs d'un grand sanctuaire enseveli d'où nous sont parvenus tous
les enseignements de la Sagesse archaïque, apportée par les Grands Instructeurs de l'Humanité enfant, les Rois
Divins dont toutes les Mythologies nous ont conservé le souvenir
Sur ces symboles universels, les Adeptes spécialement chargés de conserver la
Tradition en Europe ont brodé comme sur un canevas. Utilisant le jeu de cartes vulgaire, ils n'ont eu qu'à le
modifier, remplaçant les trèfles, les as, les piques et les cœurs par les bâtons, les épées, les coupes et les
deniers, pour préciser les symboles dans les lames mineures en y ajoutant les vingt-deux arcanes majeurs
correspondant à l'alphabet hiératique universel et recélant les significations théosophiques, cosmogoniques,
astrosophiques, alchimiques et hermétiques comme le démontre amplement Jean Chaboseau par les commentaires
pertinents qu'il présente ici.
Cette transmission d'un enseignement primitif par d'enfantines images a
toujours fait sourire les doctes profanes tout imbus du préjugé livresque. Pourquoi, diront-ils, inclure en
rébus — car les Tarots sont des rébus — ce qui pouvait aussi bien et mieux même être répandu en clair par la
parole et par le livre ?
À cela, l'Histoire répond, avec les bûchers, les destructions des grandes
bibliothèques, les persécutions, les efforts des Puissances des Ténèbres pour supprimer les enseignements
contraires à l'orthodoxie et aux opinions officielles des Églises exotériques.
Les exemples abondent de l'annihilation des doctrines hétérodoxes ou réputées
telles, au cours du Moyen Age et même pendant la Renaissance, justifiant la prudence des Adeptes désireux de
conserver intacts les enseignements de la Sagesse primordiale.
On pouvait dès lors brûler livres et manuscrits, avec leurs auteurs par
surcroît.
Qui aurait songé à détruire un jeu innocent répandu partout, circulant dans
tous les pays en raison de sa nature et de son emploi ?
Quelle lumière rediffuse les lames du Tarot projettent-elles, quand elles sont
interprétées selon la Tradition Unanime ?
Il suffit de lire les savantes gloses de Jean Chaboseau pour s'en rendre compte
et pour admirer l'ingénieuse : économie de ceux qui inclurent en de si simples images tant de choses si
admirables !
Et encore n'y a-t-il là qu'un des nombreux aspects d'un symbolisme multiforme
; l'interprétation hermétique. Il en est d'autres, nous l'avons dit, et l'auteur du présent travail nous promet
d'y revenir en des livres ultérieurs.
Le Tarot défiait donc le temps, les cataclysmes et la malice des hommes ; il
en est de ses lames comme des symboles gravés sur des pierres et des plaques métalliques par Cham, fils de Noé,
sachant bien qu'il lui serait impossible d'emporter avec lui dans l'Arche quelque aide-mémoire des arts
occultes.
«Le déluge passé, nous dit le pieux Cassien au Chapitre XX de ses « Colla¬tiones
», il put ainsi rechercher, retrouver et transmettre à ses descendants comme une semence perpétuelle de
sacrilège...»
C'est là une opinion épiscopale, mais c'est aussi un exemple de la prudence
des dépositaires de l'Immémoriale Sagesse pour en assurer la diffusion pérennelle.
H.-M. DE CAMPIGNY. dans l'introduction